La construction d'un immeuble haut de 25 m sur le site de la maison Redpath ne nuirait pas au Musée des beaux-arts de Montréal, assure le promoteur du projet. Selon lui, les craintes du MBAM ne sont pas fondées et il entend le démontrer dans une rencontre publique avec les résidants du secteur.

«Nous sommes désireux de protéger le musée et la montagne», assure Michael Sochaczevski, propriétaire de la maison Redpath.

Le MBAM vient de construire un nouveau pavillon au coût de 40 millions, coiffé d'une verrière dont la mission est d'offrir une vue sur le mont Royal. Or, une simulation laisse voir que l'immeuble de M. Sochaczevski bloquerait cette vue, ce qui inquiète grandement la direction du MBAM et l'architecte du pavillon, a révélé La Presse hier.

«La façade de l'immeuble, à son point le plus haut, aura une largeur de 30 m, assure M. Sochaczevski. Dans ses croquis, le musée a tenu pour acquis que l'immeuble allait prendre toute la largeur du terrain. C'est faux, l'immeuble est plus étroit au sommet.»

Pour convaincre le MBAM et les résidants, le promoteur a demandé hier à son architecte de faire une maquette. Quand le Musée et les résidants l'auront vue, «ils seront convaincus», dit-il.

Sammy Forcillo «surpris»

Le règlement d'urbanisme de l'arrondissement interdit toute construction de plus de 16 m dans l'avenue du Musée, où se trouve la maison Redpath, afin de protéger la vue sur la montagne. Le futur immeuble de Michael Sochaczevski a une hauteur de 25 m. Ville-Marie a donc adopté une série de dérogations au règlement d'urbanisme.

Les conseillers majoritaires d'Union Montréal ont voté pour le projet au mois de novembre dernier. Les deux conseillers de l'opposition, l'un de Vision Montréal et l'autre de Projet Montréal, ont voté contre. Le conseil d'arrondissement doit se prononcer définitivement le 8 février.

Le conseiller Sammy Forcillo, d'Union Montréal, a admis qu'il avait été «surpris» par les croquis du MBAM. «Mercredi, j'ai rencontré les autorités du Musée, explique M. Forcillo. On m'a montré cette illustration de l'immeuble qui cache la montagne. C'était la première fois que je la voyais.»

«C'est un élément nouveau dans ma réflexion», dit l'élu, qui avait voté pour le projet. Il ne veut pas dire si son vote sera le même le 8 février. «Je réfléchis. C'est prématuré, actuellement. Beaucoup d'eau va couler dans le fleuve Saint-Laurent» d'ici là, illustre-t-il.

Le directeur de l'administration du MBAM a répété hier qu'il s'oppose au projet dans sa forme actuelle. «Le promoteur devrait s'en tenir au règlement d'urbanisme, dit Paul Lavallée. Ça n'a pas changé, même si le promoteur critique nos croquis. Le Musée a respecté les règles quand il a conçu son annexe, les autres doivent le faire aussi.»

Le conseil d'administration du MBAM doit se réunir mardi. Il prendra position officiellement sur le projet immobilier de Michael Sochaczevski.