L'Agence métropolitaine de transport (AMT) a pris possession des anciens ateliers ferroviaires du Canadien National (CN), au sud-ouest de Montréal, et prévoit dépenser 7 millions de dollars en travaux de décontamination pour y faire construire un centre d'entretien pour ses trains de banlieue.

L'agence gouvernementale, responsable du développement des transports en commun dans la région métropolitaine, a versé 6,25 millions à titre d'indemnité provisoire à son ancien propriétaire, le groupe Mach, dans le cadre d'une expropriation qui est toujours en cours.

Il ne s'agit toutefois pas d'un règlement définitif puisque le groupe Mach demande «près de 20 millions» pour les terrains et les ateliers ferroviaires, achetés du CN en 2006 pour la somme symbolique de 1$, en raison de la contamination laissée par un siècle d'usages industriels lourds dans ce secteur de Pointe Saint-Charles.

Lors d'un entretien avec La Presse, le promoteur immobilier Vincent Chiara, président du groupe Mach, a justifié ce coût par la qualité du site et par la valeur de certaines transactions immobilières récentes et projetées sur des lots voisins, dans un marché immobilier en pleine effervescence.

M. Chiara a aussi ajouté que son entreprise a dû investir des sommes importantes afin de respecter les engagements qu'elle avait pris envers le CN d'assumer la responsabilité des polluants. Selon lui, le groupe Mach a dépensé environ 200 000$ par mois en frais d'études, de gardiennage et d'assurances depuis le transfert de propriété, en 2006.

En prenant possession des lieux, en octobre dernier, l'AMT a toutefois pris à son compte la responsabilité du site, hautement contaminé au plomb et aux hydrocarbures.

Les engagements pris par le groupe Mach ont été transférés à l'agence provinciale.

L'AMT prévoit construire, d'ici à 2014, des ateliers modernes où seront réparées et entretenues une partie des locomotives et voitures de son parc de matériel roulant. Le coût de construction du nouveau centre d'entretien a été estimé à 236 millions. Le début des travaux est prévu en cours d'année.

Un premier appel d'offres a d'ailleurs été lancé par l'AMT, en janvier, pour la construction d'un chemin de chantier temporaire en gravier pour les camions.

Après la controverse

Le projet de l'AMT de faire revivre l'industrie ferroviaire, partie importante de l'histoire du quartier Pointe Saint-Charles depuis le XIXe siècle, a été très bien reçu par la population de l'arrondissement du Sud-Ouest. Après la fermeture des ateliers du CN dans les années 90, le terrain a été occupé jusqu'en 2003 par la société ferroviaire Alstom.

Le terrain et les anciens ateliers du CN expropriés par le ministère des Transports du Québec au profit de l'AMT occupent environ 130 000 m2 (ou 13 hectares), soit 40% des terrains achetés du CN à la fin de 2005, par le groupe Mach.

L'ensemble de ces terrains totalisent presque 33 ha (soit juste un peu moins que la superficie du parc La Fontaine), au sud de la rue Wellington et à l'est de la rue Sébastopol. Ils s'étendent en direction sud jusqu'à la limite du Havre de Montréal et, à l'est, jusqu'au bassin Peel du canal de Lachine.

La vente de ces terrains au groupe Mach pour la somme symbolique de 1$, il y a un peu plus de cinq ans, avait fait couler beaucoup d'encre. En échange de cette somme dérisoire, le promoteur prenait toutefois à sa charge un lourd héritage environnemental en raison de la contamination industrielle.

À l'époque, Vincent Chiara et ses associés projetaient de revendre les terrains à Loto-Québec pour 25 millions, après les avoir décontaminés. La société d'État prévoyait alors y déménager le Casino de Montréal en partenariat avec le Cirque du Soleil.

La possibilité qu'une maison de jeu soit construite près d'un secteur dont une grande partie des habitants ont des revenus modestes avait donné lieu à une mobilisation populaire surprenante qui a fait reculer Loto-Québec.

Depuis 2008, le groupe Mach et le promoteur immobilier Samcon ont conçu un projet résidentiel majeur d'environ 800 logements sur une partie des terrains, qui comptera 30% de logements sociaux, à proximité du Havre.