Il suffisait d'y penser. En confiant la quasi-totalité de ses causes à ses propres avocats plutôt qu'à des firmes externes, la Ville de Montréal a réussi à économiser près de 20 millions de dollars depuis 2006. L'idée, qui a fait l'objet d'un projet-pilote de trois ans, a été couronnée d'un succès si évident qu'on a décidé la semaine dernière de l'appliquer en permanence, a appris La Presse.

Dorénavant, «la grande partie, sinon la totalité» des nouvelles causes seront confiées aux avocats de la Ville, a précisé Alan DeSousa, vice-président du comité exécutif. Les avocats de firmes externes continueront de s'occuper des causes dont ils ont déjà hérité, ou de nouveaux litiges pour lesquels leur expertise est indispensable.

Le projet-pilote a généré des économies de 11 millions durant ses trois premières années (de 2006 à 2008 inclusivement), selon une analyse des fonctionnaires de la Ville. Pour 2009 et 2010, l'économie est estimée à 9,4 millions.

«On a voulu que l'hypothèse fasse ses preuves avant de la rendre permanente, explique M. De Sousa. La réponse est oui, ç'a fait ses preuves. Ce sont de bonnes nouvelles. Ç'a marché.»

Il n'a pas été possible hier d'obtenir les budgets totaux des contrats accordés aux firmes d'avocats externes depuis 2006. Ces contrats relèvent du Service des affaires juridiques et de l'évaluation foncière, qui disposera de 181 millions en 2011, en hausse de 3,7% par rapport à l'année précédente. Le plus récent budget prévoyait un ajout de 17 employés, pour porter l'effectif à 691 postes à temps plein.

L'objectif avoué, depuis quatre ans, est de «préparer la relève et développer l'expertise de la Direction (du contentieux) dans des champs de pratique utiles à la Ville», selon les documents remis aux membres du comité exécutif.

Rationalisation

Pourquoi avoir attendu 2006 pour tenter cette expérience? Cette année-là, rappelle le bras droit du maire Gérald Tremblay, Montréal s'est lancé dans une vaste opération de rationalisation des dépenses, la Revue des activités, services, opérations et programmes (RASOP), qui a permis d'éliminer un millier d'emplois.

«On avait lancé plusieurs chantiers pour voir si, en faisant les choses différemment, on pouvait avoir des retombées. On a voulu faire l'essai, en faire la preuve avant de rendre ces façons de faire permanentes. (Les contrats juridiques à l'interne), c'était un des chantiers.»

Dans le tourbillon des fusions de 2001 suivies des défusions de 2006, il était pratiquement impossible de se lancer plus tôt dans une telle opération de rationalisation, plaide M. De Sousa. «Avec la création de la nouvelle ville, en 2001, on avait hérité de tous les litiges des villes de l'île de Montréal. On ne pouvait pas changer du jour au lendemain. En 2006, on avait eu l'occasion de faire le tour du jardin de tout ce qu'on avait hérité. Le timing, ce n'est pas par hasard.»