La Ville de Montréal admet avoir ouvert les courriels de son vérificateur général, Jacques Bergeron, dans le cadre d'une enquête ouverte après une plainte anonyme. L'enquête interne a été menée par le comité de vérification, qui va remettre son rapport la semaine prochaine à la réunion du conseil municipal. Plusieurs médias, dont La Presse, ont obtenu le document.

1  Avoir accordé deux contrats de traduction à sa belle-soeur

L'un de 2500$ en 2009, avec la firme Traduction XP, à la suite duquel on lui aurait recommandé de ne plus signer de contrats avec cette firme compte tenu de ses liens de parenté avec la propriétaire. Le vérificateur en a pourtant conclu un autre en février 2010, cette fois avec la firme Service de traduction Optimum, dont la propriétaire est encore sa belle-soeur. Le tout pour une valeur maximale de 10 000$.

2 Avoir scindé deux contrats pour éviter de recourir à des appels d'offres, en contravention avec la Loi sur les cités et villes

L'un de ces contrats concerne des services informatiques, pour une valeur de 22 000$. L'autre concerne des services juridiques: le vérificateur a demandé à une avocate de la firme Jolicoeur Lacasse de diviser ses factures en trois montants de 20 000$.

3 Avoir rémunéré un consultant externe à même son budget, mais «aux fins d'un mandat personnel»

En mai 2010, Jacques Bergeron a fait une présentation à l'Université de Montréal sur le thème de la protection de la vie privée. Un spécialiste a été engagé pour participer à la conférence. La Ville estime que cette présentation n'avait rien à voir avec les fonctions du vérificateur.

4 Avoir utilisé des équipements de la Ville «à d'autres fins que celles reliées à son emploi»

On arrive à mieux comprendre cette accusation grâce à une lettre que le contrôleur général, Pierre Reid, a adressée le 9 février dernier au président du comité de vérification, André Harel. Dans cette lettre, que La Presse a obtenue, on reproche à M. Bergeron «beaucoup d'échanges avec des étudiants ou du personnel des HEC». Rappelons que Jacques Bergeron est aussi professeur à HEC Montréal.

5 Avoir envoyé un courriel à un journaliste pour l'inciter «à écrire un article en réaction à une décision de son employeur»

La décision en question est celle, prise par la Ville en décembre dernier, de retirer la ligne éthique des mains du vérificateur général pour la donner au contrôleur général. Jacques Bergeron s'était opposé publiquement à cette décision de l'administration Tremblay.