Gérald Tremblay au volant d'un autobus à destination de «Nulle part». Jean Charest en savant fou qui abaisse un levier, donnant vie à un monstre sous les traits du maire de Montréal. L'hôtel de ville dévoré par les flammes pendant que Régis Labeaume rit à gorge déployée.

Tout ça sur un air entraînant de reggae, tandis que défilent des images-chocs à la South Park d'un tout nouveau vidéoclip diffusé sur YouTube. Produit par le Syndicat des cols blancs de Montréal, dans le cadre de sa campagne «Montréal, fais une ville de toi!», l'oeuvre constitue un tournant nettement plus mordant pour dénoncer le gaspillage et les dédoublements à Montréal.

«Free for all, bar ouvert, il y a de l'argent qui se perd». «Avec 19 sous-villes, on se regarde le nombril», «Espérons que c'est beau "Nulle part", parce que c'est là qu'on s'en va», chante notamment Alexandre Belliard, sur une musique signée Jean Robitaille (Funkytown). Le clip, d'une durée de 2min27, est d'une efficacité redoutable et réalisé avec soin.

Conçu dans l'esprit du marketing viral, il a eu un succès plutôt modeste, près d'un millier de personnes l'ayant visionné de son lancement lundi soir jusqu'à hier en fin d'après-midi.

«On voulait absolument que ce soit humoristique, mais ça ne se veut pas méchant», explique Monique Côté, présidente du syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal, qui regroupe quelque 10 000 cols blancs de l'agglomération de Montréal.

«L'administration Tremblay parle énormément de déficit, de hausses de taxes, mais n'a jamais voulu traiter des difficultés de vivre dans une ville si défragmentée, du gaspillage que ça engendre, estime-t-elle. Cette structure est trop politique, il n'y a pas de cohésion, c'est tout croche.»

Il s'agit de la troisième phase en un an de la campagne des cols blancs, après les panneaux d'affichage et la distribution de dépliants aux citoyens. «Les deux premières ont été plus smooth, on s'est dit qu'on aurait une troisième phase plus punchée», dit Mme Côté. Cette fois, le message est lancé dans un contexte nettement plus corsé, les cols blancs étant sans contrat de travail depuis le 31 décembre dernier. Les négociations en vue du renouvellement en sont aux balbutiements. On s'attend à ce que la Ville propose une réplique de la convention acceptée par les cols bleus en octobre dernier, soit des hausses de l'ordre de 2% par année.

L'équipe du maire a décliné la demande de commenter ce vidéoclip.