Au grand bonheur des résidants de LaSalle, dont certains ne pouvaient même plus profiter de leur cour l'été, Montréal a décidé de régler une fois pour toutes leur vieux problème d'odeurs nauséabondes. Plus de cinq millions de dollars seront investis dans un système de traitement des odeurs émanant des égouts, une solution qu'on espère enfin satisfaisante.

«On est contents, c'est vraiment une bonne nouvelle, dit Manon Barbe, mairesse de LaSalle. C'était comme une odeur d'oeufs pourris, vraiment désagréable, dans le secteur très beau du bord de l'eau où les gens voulaient profiter de leur terrasse.»

Le comité exécutif de la Ville de Montréal a entériné la semaine dernière la dépense, et autorisé l'octroi du contrat de 5 057 091$ à l'entreprise Sept Frères Construction, le plus bas soumissionnaire parmi les neuf candidats qui se sont présentés l'été dernier.

La Ville a cependant eu la mauvaise surprise, lors de l'ouverture des soumissions en août 2010, de constater que la plus basse restait de 31% supérieure à ses propres évaluations, établies à l'époque par la firme Axor. On a finalement mandaté une autre firme, Macogep, qui a réévalué à la hausse le coût des travaux, le portant à cinq millions.

Comme il s'agit d'un dossier qui touche l'assainissement des eaux, la facture est entièrement assumée par l'agglomération de Montréal, qui l'a approuvée en conseil hier.

Des aspirateurs géants

Depuis 2002, la Ville a multiplié les tentatives pour enrayer le problème de «nuisances olfactives», particulièrement flagrant dans la portion ouest du boulevard LaSalle. Les plaintes concernent en fait une bande de plus de sept kilomètres de long, en bordure du fleuve Saint-Laurent, à partir du pont Mercier. Aux plaintes des malheureux résidants du secteur se sont ajoutées celles des cyclistes qui empruntent la superbe - mais puante - piste cyclable à cet endroit.

Le problème était plus criant les chaudes journées d'été. «Et plus c'est humide, plus ça sent mauvais», explique la mairesse de LaSalle.

En 2008, une première installation de traitement avait vu le jour avenue du Trésor-Caché. Utilisant une technologie d'élimination des odeurs combinant charbon activé et rayons UV, elle avait montré son efficacité. «On estime que 98,5% des mauvaises odeurs dans ce secteur ont disparu», dit Mme Barbe. On a donc décidé de construire sur la 75e Avenue, plus à l'est, une deuxième installation permanente qui va aspirer l'air méphitique des égouts, le traiter et le renvoyer dans l'atmosphère. Trois grands ventilateurs capables d'aspirer 6000 pieds cubes à la minute, trois réservoirs de charbon activé et des lampes à rayons ultraviolets seront utilisés dans ce bâtiment, qu'on veut soumettre à la norme environnementale LEED. Le système sera utilisé durant les sept mois les plus chauds de l'année, d'avril à octobre.

Selon les résultats, on pourrait construire trois autres installations du même type, au coût d'un million chacune, en bordure des secteurs touchés.