Un tremblement de terre aussi fort que celui qui a frappé Haïti pourrait survenir d'ici 50 ans dans les vallées du Saint-Laurent ou de l'Outaouais, affirme un groupe de recherche fondé par les compagnies d'assurances canadiennes.

Or, la majorité des maisons, des édifices et des infrastructures (ponts, viaducs, réseaux de distribution d'eau) ne répondent pas aux normes parasismiques, signale le rapport, publié en novembre dernier.

«Il est inévitable que l'est du Canada connaisse un tremblement de terre de 7 sur l'échelle de Richter (comme Haïti), un millier de fois plus puissant que le séisme de 5 qui a surpris bien des gens à Ottawa en juin 2010», indique le rapport de l'Institut de prévention des sinistres catastrophiques.

«Il y a de 5% à 15% de risques qu'un tremblement de terre cause de sérieux dommages dans le sud du Québec ou l'est de l'Ontario au cours des 50 prochaines années.»

«Un tremblement de terre créé par un important mouvement tectonique à Vancouver, Montréal ou Ottawa pourrait provoquer plus de morts et de dommages aux propriétés que n'importe quelle catastrophe survenue dans le passé au Canada... Les conséquences d'incendies extrêmes à Vancouver, Montréal ou Ottawa sont inconnues, mais des milliers de maisons pourraient être ravagées.»

Faille laurentienne

La vallée du Saint-Laurent se trouve sur la faille laurentienne. Après la côte de la Colombie-Britannique, il s'agit de la zone sismique la plus sensible au Canada. La centrale nucléaire de Gentilly-2, en face de Trois-Rivières, est construite sur cette faille.

Les Québécois sont bien au courant des tremblements de terre qui surviennent dans la région de Charlevoix. Le nom du village des Éboulements, par exemple, provient d'un vaste effondrement de terrain survenu lors d'un violent séisme en 1663. Il est beaucoup moins connu que Montréal et Québec font partie des grandes villes les plus à risque en Amérique du Nord.

Depuis 380 ans, 5 tremblements de terre ont dépassé 5 sur l'échelle de Richter dans le sud-ouest du Québec. L'un d'eux a atteint 6,5, soit davantage que celui qui a fait de nombreux morts en Nouvelle-Zélande cette année.

«Dans la plupart des tremblements de terre, les morts et les dommages aux propriétés sont causés par l'effondrement des édifices. Heureusement, les codes de construction modernes et l'amélioration des techniques de génie ont réduit les risques de pertes pour les maisons neuves et les bâtiments neufs au Canada. Cependant, des investissements importants s'imposent pour rénover ou remplacer les bâtiments potentiellement vulnérables, notamment les écoles et les hôpitaux.

«Après des années de sous-investissements, les infrastructures publiques au Canada apparaissent hautement vulnérables et pourraient être gravement endommagées lors d'un important séisme.»

Normes plus sévères

La dernière version du Code national du bâtiment, adoptée en 2005, contient des normes parasismiques beaucoup plus sévères que par le passé. Elles prévoient que les nouvelles écoles doivent être 130% plus solides que ce qui était prévu avant. Le degré de solidité des hôpitaux et des centres d'urgences a été haussé à 150%.

Mais voilà: la plupart des bâtiments ont été construits bien avant 2005. Et il n'est pas sûr que tous les nouveaux édifices respectent les normes parasismiques du Code de construction (voir autre texte ci-desous).

«Un rapport datant de 2003 signale que presque 60% des infrastructures au Canada ont été construites avant 1960. Par conséquent, la majorité des infrastructures publiques au Canada n'ont pas été conçues selon les normes parasismiques modernes.

«Cette vulnérabilité est vraisemblablement plus importante dans les communautés anciennes comme Montréal, et moins importante dans les communautés qui ont connu une croissance plus récente comme Vancouver», signale le rapport.