D'une main, la Ville de Montréal offre une ligne éthique à ses employés pour dénoncer les irrégularités. De l'autre, elle détient une politique qui vise à les empêcher de divulguer des informations confidentielles.

Cette apparente contradiction participe à une «culture du secret» à l'hôtel de ville, selon la chef de l'opposition, Louise Harel, qui a réagi hier après que The Gazette eut rappelé l'existence de la politique.

La «Politique de sécurité de l'information», adoptée en 2006 par l'administration du maire Gérald Tremblay, vise à empêcher que des informations sensibles soient divulguées. Elle veut empêcher que des fuites «entachent la réputation de la Ville et nuisent au modèle de confiance des citoyens». La mesure s'applique aux employés municipaux et les oblige à adopter «un comportement favorable, sécuritaire et adéquat» en matière de sécurité de l'information.

En même temps, l'administration Tremblay a mis sur pied une ligne éthique il y a un an et demi. L'outil incite les fonctionnaires à signaler tout acte répréhensible. Mais seront-ils à l'aise de le faire, sachant qu'ils pourraient contrevenir à une politique de la Ville?

Selon Louise Harel, si la ligne éthique était confidentielle, les employés n'auraient pas à craindre la Politique de sécurité de l'information. Mais elle estime qu'elle ne l'est plus depuis qu'elle est passée des mains du vérificateur général, Jacques Bergeron, à celles du contrôleur général, un poste jusqu'à tout récemment occupé par Pierre Reid.

Par ailleurs, la politique de sécurité de l'information relève du contrôleur général, selon Mme Harel. «Le contrôleur est donc à la fois responsable de la ligne éthique et de l'application de la politique de confidentialité de la Ville», dénonce-t-elle, ce qui le place dans une situation ambiguë.

La Ville de Montréal a réaffirmé hier que «la ligne éthique est totalement confidentielle».



«Il est faux de prétendre que la Politique de sécurité de l'information interdit ou rend plus compliqué tout signalement d'irrégularités vers la ligne éthique», a expliqué par écrit hier Gonzalo Nunez, porte-parole de la Ville. Selon lui, la politique vise simplement à «protéger les données stratégiques de la Ville».