Il n'y a probablement pas eu autant d'aliments offerts sur la voie publique depuis un demi-siècle au centre-ville de Montréal. Les marchés publics vont littéralement foisonner cet été sur le Plateau-Mont-Royal.

Sept verront le jour en des lieux aussi divers que le parc La Fontaine, le stationnement de l'Hôtel-Dieu ou le Centre du Plateau.

«On trouve ça important que les citoyens s'approprient l'espace public, et ces marchés, c'est le prétexte idéal: ce sont des lieux de rencontre et d'éducation, explique le conseiller d'arrondissement Richard Ryan, de Projet Montréal. Les gens les demandaient, une première expérience l'année dernière a montré qu'il y avait de l'intérêt.»

Les sept marchés, qui vont du simple triporteur au parc regroupant une vingtaine de producteurs, se veulent  éducatifs», a précisé en conférence de presse hier matin le maire de l'arrondissement, Luc Ferrandez. Les aliments qu'on y proposera -fruits, légumes et viandes- visent à encourager la production locale, idéalement biologique. «Nous ferons la démonstration qu'il est possible de manger sainement et à peu de frais», annonce Jean-Philippe Vermette, directeur général de Marché solidaire Frontenac, qui s'occupera de cinq de ces sept marchés. Depuis quatre ans, en collaboration avec la Direction de la santé publique, cet organisme a la grande mission d'approvisionner le quartier Sainte-Marie, également connu sous le nom de «Faubourg à m'lasse», considéré comme un «désert alimentaire». Il s'agit essentiellement d'y offrir ce que les commerces négligent: des aliments frais, de bonne qualité et à coût modique.

Des hot-dogs aux légumes

Le marché Santropol, qui se tiendra tous les jeudis après-midi à l'angle des rues Milton et Sainte-Famille à compter du 21 juillet, aura quant à lui la mission inusitée de vendre des produits cultivés sur le toit de l'édifice qui héberge l'organisme, rue Roy. «La question de l'agriculture urbaine va être de plus en plus présente au cours des prochaines années, estime le conseiller Ryan. C'est une solution efficace pour contrer les émissions de gaz à effet de serre, pour lutter contre les îlots de chaleur et rendre les fruits et légumes plus accessibles.»

M. Vermette a rappelé que l'interdiction de vendre des aliments sur la voie publique, qui date de 1946, vise essentiellement les repas rapides comme les hot-dogs et les frites. «Il y a eu un renversement de situation, on a remplacé les hot-dogs et les frites par des fruits et des légumes.» La DSP «voit d'un bon oeil» ces initiatives, a précisé M. Ryan. Les principales réticences provenaient des commerçants, qui craignaient de voir ces marchés leur voler une partie de leur clientèle. «Nous nous sommes entendus avec eux», a assuré le maire Ferrandez.

L'initiative a coûté 25 000$ à l'arrondissement. Six des marchés ouvriront un jour par semaine, à partir de 10h du matin. Le premier s'installera le 11 juin au Centre du Plateau, au coin du boulevard Saint-Joseph et de la rue Fullum, de 10h à 17h.