La Régie du bâtiment du Québec (RBQ) devrait fonctionner comme la Régie des alcools et pouvoir retirer les licences aux entreprises quand elle soupçonne qu'elles ont des relations avec le crime organisé, affirme le député péquiste Guy Leclair.

En 2009, le gouvernement adopté la loi pour lutter contre la criminalité dans l'industrie de la construction. Malgré cela, la RBQ n'a toujours pas le pouvoir de faire le ménage, dit M. Leclair, critique de l'opposition officielle en matière de travail.

La loi prévoit que les personnes coupables d'une infraction criminelle au cours des cinq dernières années ne peuvent obtenir de licence. Les entrepreneurs accusés, mais en attente de procès, ne sont pas contraints par la loi.

Résultat: des entrepreneurs comme Marc Saulnier, connu pour ses relations avec les Hells Angels, peuvent sans problème travailler dans des chantiers comme celui de Dell'Arte condominiums. «On sait que Marc Saulnier est en attente d'un procès. Tant qu'il n'y a pas de jugement, on ne peut pas agir», reconnaît Marjolaine Veillette, porte-parole de la RBQ.

La loi est donc bien imparfaite, réplique M. Leclair. Le 21 avril, en commission parlementaire, il a comparé les pouvoirs de la RBQ et de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ). Il a donné l'exemple de Tony Magi, un homme que la police associe à la mafia.

L'hiver dernier, la RACJ a refusé d'accorder un permis de vente d'alcool à un café de Montréal parce qu'elle estimait que Magi y avait des intérêts cachés. Pour rendre sa décision, la Régie s'en est essentiellement remise aux témoignages de policiers rendus lors des audiences publiques.

Un mois après cette décision, La Presse a révélé que Magi était l'âme dirigeante d'un immense projet résidentiel à LaSalle. Le permis de construction a été délivré à un prête-nom, a dit M. Leclair. Mais la loi ne permet pas à la Régie du batiment de retirer une licence dans un cas semblable, contrairement à ce qui passe à la Régie des alcools, a ajouté le député.

«Les membres du gouvernement se lèvent chaque jour à l'Assemblée nationale pour dire qu'ils veulent chasser le crime organisé de l'industrie de la construction, a dit M. Leclair à La Presse. Mais ils exigent que les entrepreneurs aient des casiers judiciaires. C'est ridicule. La Régie des alcools, elle, n'a pas besoin de preuve au criminel pour agir. Pourquoi en serait-il autrement dans la construction? Ça touche pas mal plus de gens. Au bout du compte, le gouvernement a pris de bien petites mesures. «