Il a circulé à Montréal jusque dans les années 60, puis les autorités ont décidé de le mettre au rancart. Mais le trolleybus, sorte de croisement entre l'autobus et le tramway, n'a pas dit son dernier mot. La Société de transport de Montréal (STM) est même en train d'étudier son possible retour dans la métropole, a appris La Presse.

La STM est en effet à la recherche d'une firme chargée de se pencher sur la mise en place d'un réseau de trolleybus. Une grille de pondération a été adoptée au début de mai pour encadrer un appel d'offres. L'entreprise choisie devra aider la STM à «faire les choix stratégiques qui permettront de définir le scénario optimal pour un réseau de trolleybus», peut-on lire dans un document de la Société.

«Le Plan de transport de la Ville mentionne le trolleybus, alors comme ce serait à nous de l'exploiter, il faut savoir si c'est possible à Montréal ou pas», a indiqué hier une porte-parole de la STM, Marianne Rouette.

Le trolleybus fonctionne à l'électricité à la manière d'un tramway. Relié à des fils électriques - appelés caténaires -, il est moins bruyant et polluant que les autobus diesel.

La STM s'intéresse à ce véhicule parce qu'elle souhaite réduire sa dépendance aux combustibles fossiles. Le ministère des Transports a récemment demandé aux sociétés de transports en commun d'accélérer leur électrification. Le gouvernement voudrait que 95% des déplacements en transports collectifs soient électrifiés d'ici à 2030.

Hier, à la STM, on n'a pas voulu s'étendre sur la question. «C'est prématuré», a dit Mme Rouette. Rencontré il y a deux semaines, le président du conseil, Michel Labrecque, avait toutefois jugé «très probable» le retour du trolleybus à Montréal.

Trolleybus ou autobus à batterie?

Mais le retour du trolleybus est-il une bonne idée? Dans les dernières années, plusieurs villes l'ont adopté. On en trouve dans environ 300 villes autour du monde, dont à Vancouver et à Lyon. Mais le récent perfectionnement des autobus à batterie vient brouiller les cartes. Des villes pourraient préférer ces nouveaux véhicules, moins coûteux et qui ne nécessitent pas de caténaires, que plusieurs trouvent inesthétiques.

C'est notamment le cas à la Société de transport de Laval (STL), qui a envisagé la mise en place d'un réseau de trolleybus avant de l'écarter. La STL a commandé une étude sur la question en 2008. Dévoilée en novembre dernier, elle conclut que le trolleybus n'est pas adapté à Laval: sa mise en place, estimée à 15 millions de dollars le kilomètre de ligne, a été jugée trop coûteuse.

«Les autobus à batterie relevaient de la science-fiction quand on a commencé l'étude, a expliqué hier le directeur général de la Société de transport de Laval (STL), Pierre Giard. Quand on l'a terminée, il y avait déjà des prototypes.»

L'autobus à batterie est aussi propre et silencieux, mais beaucoup moins coûteux que le trolleybus. «À moins que les autobus à batterie se révèlent inefficaces, le trolleybus ne verra pas le jour à Laval.»

Mais M. Giard précise que l'étude de la STL ne s'intéressait qu'à Laval. «Dans des quartiers montréalais, on pourrait arriver à d'autres conclusions», dit-il.

À Transport 2000, on se réjouit de l'intérêt de Montréal pour le trolleybus. Il s'agit d'un bon compromis entre le tramway, plus coûteux, et l'autobus, estime le directeur général, Normand Parisien. «C'est une percée qui pourrait être intéressante, parce qu'on obtient une partie des bénéfices du tramway sans ses délais de construction, explique-t-il. Parce que, comme on le constate, à Montréal, le tramway prend du temps à voir le jour...»