Les mesures d'apaisement de la circulation sur le Plateau ont causé «la zizanie et la discorde», a accusé lundi la chef de Vision Montréal, Louise Harel, qui demande que l'administration du maire Luc Ferrandez fasse marche arrière.

«L'esprit de village du Plateau, qui a souvent été idéalisé, a malheureusement été remplacé par la discorde. Les résidants sont divisés par l'actuelle administration de l'arrondissement», a lancé Mme Harel lors d'une conférence de presse convoquée dans le parc Laurier, au coeur du Plateau.

Mme Harel représente Maisonneuve-Longue-Pointe à l'hôtel de ville et son parti n'a aucun élu dans le Plateau-Mont-Royal. Mais la chef de la première opposition a tenu à prendre position dans le débat qui enflamme l'arrondissement, car il s'agit d'un sujet «qui préoccupe énormément les Montréalais».

Selon elle, le maire du Plateau, Luc Ferrandez, «se comporte en baron local» et fait preuve de «vanité» en pensant qu'un arrondissement peut régler les problèmes de circulation de transit de manière unilatérale. Il faut, selon Mme Harel, que la Ville de Montréal se dote d'un plan directeur de la circulation de transit, pour s'assurer que l'apaisement de la circulation soit fait de manière concertée.

En attendant, elle invite l'administration de Projet Montréal à faire marche arrière. Le sens unique en direction sud doit être rétabli dans la rue Christophe-Colomb afin que les voitures cessent de refluer dans la rue Chambord. «Il faut revenir au statu quo sur Christophe-Colomb», a dit Mme Harel.

L'arrondissement du Plateau-Mont-Royal a mis en oeuvre son plan d'apaisement de la circulation il y a trois semaines. La rue Christophe-Colomb est désormais en sens unique vers le nord. La rue Laurier a quant à elle été amputée d'une voie pour les voitures et dotée d'une piste cyclable.

Le maire Ferrandez espère avec ces mesures décourager les 8000 automobilistes qui empruntent la rue Christophe-Colomb pour traverser son arrondissement. Selon lui, ceux-ci changeront leurs habitudes pour emprunter des artères plus importantes, comme Saint-Denis ou Papineau.

Dans les faits, plusieurs ont plutôt décidé d'emprunter la paisible rue Chambord, la seule rue du secteur toujours en direction sud. Depuis trois semaines, le nombre de voitures sur Chambord est donc passé de 1650 à 2500 par jour, selon un résidant qui dit tenir ces chiffres de l'arrondissement lui-même.

«Un sommet d'hypocrisie»

La mesure a créé des remous dans l'arrondissement, qui ont culminé la semaine dernière lors d'une séance publique organisée pour informer les citoyens. Des citoyens hostiles ont alors coupé la parole à répétition à Luc Ferrandez, qui a même été la cible d'une insulte raciste.

Dans ce contexte, la sortie de Louise Harel a été très mal accueillie à Projet Montréal, le parti du maire Ferrandez.

«C'est un sommet d'hypocrisie, a ainsi dénoncé lundi le chef du parti, Richard Bergeron. Il n'y a même pas 48 heures, samedi après-midi, on a fait une marche contre Turcot et Mme Harel était aux premiers rangs, à mes côtés, pour réclamer une qualité de vie pour les habitants du Sud-Ouest et réclamer une diminution de la circulation automobile. Et lorsque l'administration de Luc Ferrandez fait des gestes concrets dans ce sens-là dans le Plateau, elle les dénonce.»

«C'est pour ça que je suis venu en politique à l'âge de 49 ans, c'est parce que j'étais fatigué de cette hypocrisie, de ce double langage, qui est le propre des politiciens de carrière comme Mme Harel», a envoyé M. Bergeron.

Selon lui, les résidants de la rue Chambord n'ont pas à craindre les nouvelles mesures. Une phase 2 sera présentée dès la mi-juillet et mise en place vers la fin août. «C'est sûr qu'on va intervenir sur la rue Chambord. Ça ne se discute pas», a-t-il dit.

«Après avoir complété la phase 2, probablement qu'on aura créé des problèmes ailleurs, alors on va refaire le même processus», a-t-il expliqué, laissant la porte ouverte à une phase 3.

De son côté, le maire de Montréal n'a pas encore réagi de vive voix sur cet épineux dossier, ce qu'a dénoncé Louise Harel. «Il y a un manque de leadership de la part du maire de Montréal qui est assez honteux, a-t-elle dit. C'est comme s'il avait renoncé.»