Pour une population comparable, les «zones évangéliques» de Montréal comptent environ deux fois plus d'églises que la «zone évangélique» parisienne. À Montréal, ces églises sont le plus souvent fondées par des Québécois d'origine haïtienne ou latino-américaine, alors qu'à Paris, elles le sont plutôt par des Français d'origine africaine.

C'est ce que le géographe des religions Frédéric Dejean a découvert en comparant les églises évangéliques montréalaises - nombreuses dans les quartiers Villeray, Saint-Michel et Saint-Léonard - à celles du département français Seine-Saint-Denis, qui englobe la première couronne de la banlieue parisienne, au nord-est de la Ville lumière.

À Montréal, les crises économiques ont par ailleurs permis aux églises évangéliques de s'installer dans des locaux commerciaux vacants. «En France, ces églises sont reléguées plus loin, dans les zones industrielles», observe M. Dejean.

Les autorités françaises semblent par ailleurs plus interventionnistes. «Chez les évangéliques, je peux me lever demain, dire que j'ai eu une vision et fonder une église. La reconnaissance ne se fait pas institutionnellement», expose M. Dejean. En France, on exerce de plus en plus de pression pour que ce type d'églises indépendantes «entrent dans des organisations plus vastes», note le chercheur. «Ici, dit-il, on est dans une logique plus libérale. On laisse faire.»