Les nouveaux supports à vélos qui seront installés sur certains autobus montréalais sont sécuritaires, a tenu à rassurer hier la Société de transport de Montréal (STM), malgré les inquiétudes des chauffeurs qui craignent une multiplication des accidents.

Le président de la STM a dévoilé hier matin une série de mesures pour les cyclistes. Il sera désormais plus facile de prendre le métro avec une bicyclette, il y aura davantage de stationnements pour vélos aux édicules et un projet-pilote va tester des supports sur les autobus.

«Il y a les gens qui se déplacent seuls dans leur voiture, soir et matin, a expliqué Michel Labrecque en conférence de presse. Puis il y a tous ceux que j'appelle les gens de ma gang. Ce sont ceux qui se promènent en métro, en autobus, en vélo ou à pied. Il faut favoriser ce cocktail transport. Cette complémentarité est très importante.»

Des trois mesures annoncées hier, l'installation de supports sur les autobus est sûrement la plus importante. Le projet sera d'abord mis à l'essai sur deux circuits, le 140 (Fleury) et le 180 (De Salaberry). Les 15 autobus qui circulent sur ces lignes seront munis de supports, acquis au coût de 900$ l'unité par la Société.

«Si l'expérience se passe bien, on aura à terme 200 supports sur 20, 25 lignes», a expliqué Michel Labrecque.

Le président de la STM a démontré, devant les caméras, la facilité d'utilisation des supports. «Ça prend 10 secondes. Et ce n'est pas parce que je me suis pratiqué pendant 32 heures...», a lancé M. Labrecque après avoir installé son vélo devant l'autobus.

La conférence de presse, menée sous le soleil, devait normalement s'en tenir aux bonnes nouvelles du jour. Mais parmi la petite foule de journalistes se trouvait le président du Syndicat des chauffeurs.

«C'est dangereux!», a coupé Denis Vaillancourt.

Comme La Presse l'a révélé hier, le syndicat s'oppose à la mise en place de supports à vélos sur les autobus. Les chauffeurs estiment qu'ils sont dangereux puisqu'ils allongent le véhicule, multipliant ainsi les risques de heurter un piéton. Ils insistent aussi pour dire que les vélos obstruent leur vision et pourraient causer des retards.

«Les essais démontrent que ça prend de 10 à 35 secondes pour mettre un vélo sur le support», a expliqué M. Vaillancourt, qui croit que ce délai, multiplié par 10 ou 20, pourrait faire une différence.

«Je ne dis pas que c'est une mauvaise idée. Je ne dis pas que je vais me battre jusqu'à la fin. Je dis qu'il faut faire attention, a précisé le président du syndicat. Nous croyons que ces supports nuisent à notre vision, et que ça pourrait causer des accidents. On a des appréhensions. Si je me trompe, tant mieux.»

Plusieurs sociétés de transports publics dans des villes d'une taille comparable à celle de Montréal ont déjà mis en place ces supports. À Portland, les 650 autobus en sont munis. On ne déplore pas davantage d'accidents. À Toronto, toutes les lignes d'autobus auront des supports d'ici à 2012.

Pas de vélos à l'heure de pointe

La STM a aussi annoncé qu'elle faciliterait l'accès des vélos au métro. À l'heure actuelle, les cyclistes peuvent traîner leur monture sous terre toute la journée le week-end, et hors des heures de pointe en semaine.

Ils doivent en tout temps monter dans la voiture de tête, qui peut loger quatre vélos. Michel Labrecque a donc annoncé hier que six bicyclettes pourraient désormais être accueillies.

Pas question, toutefois, de permettre les vélos dans le métro aux heures de pointe. Il s'agit d'une très ancienne revendication des groupes cyclistes, qui estiment que cette interdiction est un frein important à la complémentarité des transports durables.

«Il n'est pas question du vélo dans le métro à l'heure de pointe, a tranché le président de la STM. Ça serait ingérable avec le volume qu'on a sur les lignes orange et verte.»

De son côté, Vélo Québec s'est réjoui des mesures annoncées hier. «Pour nous, ce sont de bonnes nouvelles», a dit Jean-François Pronovost, vice-président de Vélo Québec.

«C'est sûr qu'on aimerait davantage d'accès au métro, mais c'est un pas dans la bonne direction», juge-t-il.

Les supports en chiffres

2: Nombre de vélos qui peuvent être installés sur un support .

10: Temps, en secondes, pour installer un vélo sur le support.

0: Nombre de chauffeurs qui sortiront aider les cyclistes. Ils n'ont pas à sortir. L'usager doit lui-même installer son vélo.

0: En dollars, somme que la STM s'engage à verser en cas de bris ou de vol du vélo. La Société se dégage de toute responsabilité.

15: Nombre d'autobus sur les lignes 140 et 180 qui participent au projet-pilote.

25: Nombre de circuits d'autobus qui pourraient recevoir des supports à l'avenir.