«J'ai trois appartements à vider. Les locataires sont partis et ont tout laissé.» La montagne de déchets devant l'immeuble à logements d'André Dandurand grandissait d'heure en heure, cet après-midi. Le 1er juillet est un cauchemar chaque année pour ce concierge d'Hochelaga-Maisonneuve. Non qu'il déménage lui-même - c'est le déménagement des autres qui lui cause des tracas.

Tables, chaises, fauteuils et téléviseur, les locataires de trois appartements de cet immeuble de la rue Ontario ont pris la poudre d'escampette en y laissant presque tous leurs meubles. «Chaque année, c'est la même chose, a souligné André Dandurand, qui s'occupe de cet immeuble depuis quelques années. On en a pour une semaine à vider les appartements et faire des travaux.»

Toute la journée, il a travaillé à vider l'un des appartements du troisième étage, dont il sortait les meubles par la fenêtre. Des meubles souvent en bon état, qui prendront le chemin des sites d'enfouissement.

Les quelques dizaines de milliers de ménages montréalais qui ont déménagé au cours des derniers jours auront laissé derrière eux près de 60 000 tonnes d'ordures, de meubles et de déchets de construction. La Ville de Montréal a assuré que le service de collecte des ordures sera accru. Le responsable du développement durable, de l'environnement et des parcs à la Ville de Montréal, Alan DeSousa, invite cependant les Montréalais à recycler ou à réutiliser les objets qui peuvent l'être.

Dans le même ordre d'idée, Génération d'idées, groupe de réflexion formé de jeunes citoyens, a parcouru aujourd'hui les rues de Montréal à la recherche de meubles en bon état. Le résultat de la collecte a été exposé au parc Laurier. «On constate que les gens gaspillent beaucoup, que ce soit par manque de temps ou parce qu'ils ne sont pas suffisamment sensibilisés», a noté la porte-parole Kimberlee Desormeaux. Elle craint que le gaspillage soit pire cette année avec la campagne de sensibilisation aux punaises de lit, qui recommande aux gens de ne pas récupérer les matelas et fauteuils laissés sur les trottoirs.

Crise du logement

Pendant que plusieurs locataires emménageaient dans leur nouvel appartement, d'autres n'avaient toujours pas trouvé de logis. Ce matin, environ 70 ménages au Québec, dont 28 à Montréal, étaient toujours à la rue, selon des données du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). «La situation du logement est à peu près la même que l'an dernier, a constaté le porte-parole François Saillant. Ça demeure critique en Abitibi, où le taux d'inoccupation frôle 0%. Il y a création d'emplois dans le domaine minier, mais l'offre de logements est à peu près inexistante. La ville de Sept-Îles est aussi à surveiller.» À Montréal, qui englobe les deux tiers du parc de logements du Québec, le taux d'inoccupation est resté stable à 2,5 %.

La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec a dénoncé la difficulté qu'éprouvent les propriétaires à ajuster les loyers au marché lorsqu'un locataire part. La déclaration a fait bondir François Saillant: «Les propriétaires ont le gros bout du bâton et ils demandent d'abolir le contrôle du coût des loyers. C'est indécent!»