Erreur ou résultat d'une mauvaise planification le nouveau site internet de la Direction de santé publique de Montréal n'est accessible qu'en français. Les anglophones devront patienter encore trois semaines avant de pouvoir obtenir de l'information dans la langue de Shakespeare. Il n'y a pas de quoi fouetter un chat, estime la Société Saint-Jean-Baptiste.

Le quotidien The Gazette, qui a révélé ces faits hier, a cité des études, en particulier pour Santé Canada, qui démontrent que la barrière de la langue a un impact négatif sur l'accès aux soins médicaux.

Ce portail, destiné à la fois au public et aux professionnels de la santé, offre une multitude de conseils sur les sujets les plus divers: lutte contre le tabagisme ou le jeu pathologique, vaccination (information fournie en arabe, en chinois et en espagnol), allaitement, prévention des maladies sexuellement transmissibles, dépistage du cancer du sein... C'est aussi un bottin des ressources médicales de Montréal, des résidences pour personnes âgées et des centres de prélèvements.

Cité par le quotidien anglophone, Paul Brunet, président du Conseil pour la protection des malades, se demande pourquoi la direction de santé publique de Montréal n'a pas attendu que la version anglaise de son site soit prête avant de le mettre en ligne.

«Nous n'avions pas d'autre façon de procéder, a dit à La Presse Geneviève Bettez, porte-parole de l'organisme. Nous voulions d'abord tester la version française auprès du public et faire les modifications qui s'imposaient avant de lancer la traduction en anglais.» La version anglaise sera mise en ligne à la fin du mois au plus tard, assure l'organisme.

«Une mauvaise interprétation»

Même s'il se dit d'accord pour que des services de santé soient aussi offerts en anglais, Mario Beaulieu, président de la Société Saint-Jean-Baptiste, estime pour sa part «déplacée» cette exigence d'une version anglaise simultanée. Selon lui les protestataires font une «mauvaise interprétation»: «Au Québec, les services publics ne sont pas bilingues. C'est l'unilinguisme français qui est privilégié, et tout citoyen au Québec se doit de connaître la langue française.»

Mario Beaulieu ne croit pas que le fait que le site n'ait pas encore de version anglaise «mette en danger la santé des gens». Selon lui, c'est plutôt la langue française, «déjà en recul à Montréal» qui est en péril: «Le bilinguisme institutionnel aboutit toujours à l'assimilation des langues minoritaires.»

David Levine, PDG de l'agence de la santé publique de Montréal, n'était officiellement pas disponible pour répondre à nos questions, hier.

L'Agence a réactivé à titre transitoire, hier, un lien vers la version anglaise de son ancien site.