Après une pause d'un an, la Carifête a de nouveau fait vibrer le centre-ville de Montréal, samedi après-midi. Calypso, reggae et autres rythmes des Caraïbes ont fait bouger les spectateurs et participants présents à ce défilé flamboyant.

Un groupe de danseuses vêtues de costumes bleus, verts, mauves ou roses, agrémentés de grandes plumes et de brillantes paillettes, ont pris d'assaut le boulevard René-Lévesque pendant tout l'après-midi au grand bonheur de milliers de spectateurs massés sur les trottoirs. «On aime beaucoup les rythmes latins, on aime la vigueur qu'ils mettent quand ils dansent, a partagé Richard Oliviera. Quand on entend cette musique, c'est libérateur, c'est la joie. On oublie tous nos problèmes. Le rythme s'empare systématiquement de nous.»

Venu de Toronto avec ses amis pour promouvoir un autre événement caribéen, Eran Hastings, était ravi du retour de la Carifête. «Nous venons pour la culture, la musique et la ville qui est magnifique, a-t-il déclaré. C'est la septième année que nous assistons au défilé.»

La Carifête de Montréal en est à sa 36e édition. L'événement, inspiré d'une tradition originaire de Trinitié-et-Tobago, a réuni cette année dix «mas bands», soit des groupes des mascarade, qui ont défilé entre les rues Guy et Sanguinet, entourés de chars diffusant de la musique latine. «Nous vivons au Québec, mais nous sommes toujours près de nos racines caribéennes, a expliqué Pat Dillon avant le défilé, alors qu'elle mettait une touche finale au costume de son amie. Nous voulons partager notre culture avec les Québécois.»

Il s'agit d'un nouveau départ pour la Carifête qui a, au cours des dernières années, été aux prises avec une guerre entre deux groupes qui se disputaient son organisation. La Ville de Montréal, qui a octroyé 30 000$ à l'événement, a finalement confié son organisation à la Carribean Cultural Festivities Association (CCFA).

Coup dur

Selon des habitués du défilé, le conflit et la pause d'un an ont porté un dur coup à la Carifête. «C'est déjà fini?», nous a demandé Gérald Poulanges après le passage du dernier «mas bands». «Je m'attendais à ce que ce soit plus grandiose que ça ne l'a été, étant donné qu'il n'y avait rien l'année dernière. Sauf que ça n'a pas été le cas. Ça a été très court. Je suis haïtien d'origine. Je m'attendais à ce qu'il y ait un char haïtien. Rien. Je suis déçu.»

Michael Farkas, le président du Mois de l'histoire des Noirs, qui assiste au défilé depuis une trentaine d'années, ne cachait pas non plus sa déception. «Ça paraît qu'on se remet de cette année perdue, a-t-il constaté. Ça a paru dans l'atmosphère, dans le nombre de «mas orchestres». Je n'ai pas vu assez de sourires. Je n'ai pas vu assez de gens sauter et danser. Ça prend du temps pour se remettre sur les rails. Mais c'est reparti.»

Cette 36e édition a aussi été marquée par l'absence de Leeroy Edwards, surnommé The Happy Wanderer, décédé en décembre dernier. Âgé de 88 ans, M. Edwards ouvrait le défilé chaque année. «Il a tellement été longtemps dans la fête, je suis sûr que son esprit était là», a souligné Michael Farkas, qui a bien connu l'homme.