Il y avait du rouge, beaucoup d'orange, mais il manquait toutefois le bleu conservateur pour que soit complet l'arc-en-ciel des partis politiques au défilé de la fierté gaie, dimanche. Les organisateurs, qui avaient rassemblé un nombre record de personnalités publiques, ont dénoncé l'absence des troupes de Stephen Harper au sein du cortège ayant attiré plus de 160 000 personnes au centre-ville de Montréal.

«Tous les partis étaient représentés au provincial, au municipal, mais au fédéral, il manquait le Parti conservateur. Mais on ne démissionne pas, on travaille pour les avoir l'an prochain. On aurait aimé ça, le gouvernement est formé par les conservateurs. On aurait aimé qu'ils envoient au moins un représentant», s'est désolé Laurent McCutcheon, président de Gai Écoute.

Plusieurs adversaires politiques ont souligné à grands traits l'absence des conservateurs et dénoncé leurs positions par rapport à la communauté gaie. «De toute évidence, ce n'est pas une priorité pour eux de respecter les droits des personnes homosexuelles», s'est indigné Thomas Mulcair, chef adjoint du Nouveau parti démocratique (NPD).

«C'est terrible, franchement terrible, s'est désolé pour sa part Bob Rae, chef intérimaire du Parti libéral du Canada. Aujourd'hui, nous soulignons deux choses: la diversité de nos populations et le fait qu'à l'international, il y a toujours cinq pays où être homosexuel est passible de la peine de mort. Je regrette beaucoup qu'il n'y ait pas un ministre ou même un député du Parti conservateur. Ce n'est pas une bonne chose.»

Loin de jeter la pierre aux conservateurs, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, dit comprendre leur hésitation à prendre part au défilé. «[L'ex-sénateur] Michael Fortier était aux Outgames [en 2006] et s'est fait huer un peu. J'ai fait une intervention pour rappeler aux gens qu'ils veulent le respect, mais qu'il leur faut respecter les points de vue qui peuvent être différents.»

Le maire Tremblay s'est par ailleurs réjoui de voir une cinquantaine de personnalités se joindre au défilé. «Je suis très heureux, parce qu'il y a 10 ans, plusieurs se demandaient s'ils devaient s'associer ou pas et moi, je l'ai toujours fait. Le fait qu'il y ait de plus en plus de personnalités publiques, du gouvernement fédéral, du gouvernement du Québec, du monde municipal, c'est une reconnaissance.»

Projets de loi du NPD

Après les nombreuses avancées faites par la communauté gaie au cours des dernières années, le NPD dit maintenant vouloir mieux protéger les personnes transgenres en les incluant dans la Charte des droits et libertés et en interdisant toute discrimination à leur endroit dans le Code criminel, affirme le porte-parole associé aux droits de la communauté gaie, Dany Morin. Le député de Chicoutimi-Le Fjord a également indiqué que son parti compte rouvrir le débat sur l'interdiction des dons de sang chez les homosexuels.

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, estime aussi que les homosexuels devraient pouvoir faire des dons de sang, comme le reste de la population. Le ministre québécois de la Justice, Jean-Marc Fournier, s'est pour sa part montré ouvert à étudier la question afin d'aider à prévenir des préjugés qui pourraient découler de l'interdiction.

En vertu des règles fédérales, Héma-Québec refuse tout don de sang provenant d'un homme ayant eu ne serait-ce qu'une seule relation sexuelle avec un autre homme depuis 1977. L'organisation, qui avait échoué en 2004 à réduire cette interdiction à une période de 12 mois, demande maintenant à Santé Canada que les homosexuels n'ayant pas eu de relation sexuelle depuis cinq ans puissent offrir leur sang.