Lancé hier par un simple citoyen, sans la collaboration de Montréal ni de Transports Québec, un nouveau site web permet aux automobilistes de voir instantanément tous les chantiers susceptibles de les ralentir.

ZoneCone.ca fonctionne un peu comme le site Google Maps. Il suffit d'y entrer ses points de départ et d'arrivée pour voir apparaître un trajet sur une carte interactive parsemée de cônes. Chaque cône signale un chantier en cours. Un code de couleur permet de savoir si les travaux ont lieu de jour ou de nuit et, surtout, s'ils sont mineurs, «gênants» ou carrément «bloquants». À gauche, la page donne la liste des chantiers ainsi que leur durée, leur ampleur, etc.

Plus personnalisé et convivial que les sites de la Ville de Montréal (Info Travaux) et de Transports Québec (Quebec511.gouv.qc.ca), ZoneCone.ca propose même aux automobilistes de s'abonner gratuitement afin d'être alertés dès que des modifications sont apportées aux chantiers.

«L'idée m'est venue après avoir acheté une voiture. J'ai rapidement expérimenté les plaisirs de l'embouteillage-surprise causé par des travaux», précise l'informaticien Stéphane Guidoin sur le site de Montréal ouvert, un organisme qui milite pour que les institutions ouvrent l'accès à leurs données. La Ville de Montréal et Transports Québec en partagent déjà plusieurs, note M. Guidoin. «Mais d'énormes travaux qui se déroulent depuis quelques jours à côté de chez moi ne sont pas annoncés.»

Extraire les données est par ailleurs un vrai casse-tête puisqu'elles ne sont pas nécessairement conçues pour être publiées et analysées par des systèmes informatisés, explique M. Guidoin, qui a déjà consacré de 200 à 300 heures à son site.

La semaine dernière, la Ville de Montréal a promis d'améliorer sa ligne et sa carte Info Travaux. Elles permettront alors de repérer en temps réel les travaux d'une quarantaine de partenaires de la municipalité (arrondissements, Hydro-Québec, etc.) Même si «on a bonifié les ressources humaines pour faire plus de saisies de données et répondre aux citoyens», la nouvelle carte ne sera pas prête avant l'automne, a indiqué la porte-parole Ève Carle.

Après avoir enduré tout l'été déviations et bouchons, certains s'étonneront de voir un simple citoyen prendre les autorités de vitesse. «À mes yeux, ce n'est pas vraiment le rôle du gouvernement de créer des outils poussés, qui font tout ce que les citoyens voudraient, précise toutefois M. Guidoin en entrevue. L'important, c'est qu'il encourage l'innovation en fournissant ses données à tous dans des formats accessibles plutôt que de les vendre en exclusivité à des entreprises. Éventuellement, des gens proposeront gratuitement des solutions originales, ou des entreprises pourront se développer en le faisant.»

La Ville s'est montrée réceptive: «Notre stratégie vise à fournir une information complète et précise aux réutilisateurs de données ouvertes. Nous saluons ce genre d'initiative. C'est complémentaire», a déclaré Ève Carle en entrevue.

De son côté, Transports Québec n'a pas répondu à nos questions.

Des précédents

Des citoyens se servent déjà de données gouvernementales pour connaître le nom des restaurants condamnés pour insalubrité (Resto-Net.ca) ou encore l'état des patinoires montréalaises (Patiner Montréal). Des applications comme Bixar (à laquelle ni BIXI, ni la Ville n'ont collaboré) permettent par ailleurs d'utiliser un téléphone intelligent pour voir le nombre de vélos ou de points d'ancrage disponibles dans une station donnée.

Le site de l'Association canadienne des automobilistes permet en outre de voir les chantiers qui ponctuent les longs trajets à l'échelle provinciale ou nord-américaine (tapez «planificateur CAA Québec» dans Google).

Lancé à 10h hier, ZoneCone.ca n'était pas encore accessible partout mais devrait l'être aujourd'hui, promet son concepteur. Si les autorités débloquent d'autres données, le site pourrait éventuellement proposer des trajets de transports en commun, des parcours de rechange ou du covoiturage.