La rentrée scolaire bat son plein et avec elle, des milliers de jeunes Montréalais doivent faire le trajet de la maison à l'école. Certains y vont en voiture, en autobus ou à pied, mais de moins en moins d'entre eux choisissent d'y aller en vélo, selon une étude dévoilée hier.

Alors que le vélo est de plus en plus populaire chez les adultes montréalais, sa pratique connaît paradoxalement une baisse marquée chez les jeunes. En 2005, 57% des Montréalais de 6 à 17 ans roulaient plusieurs fois par semaine. En 2010, ce taux est tombé à 35%, révèle une enquête sur la pratique du vélo rendue publique hier.

La statistique, désastreuse pour les partisans du vélo comme mode de transport urbain, est la seule ombre au tableau dressé par la recherche menée par Vélo Québec. Car si les jeunes délaissent ce mode de transport, les autres Montréalais s'y mettent de plus en plus.

Un peu plus de la moitié des adultes - 52% de la population de 18 à 74 ans - faisaient du vélo à Montréal en 2010. Il s'agit d'une hausse de 10% par rapport à 2000. Le nombre de Montréalais qui choisissent le vélo pour se rendre au travail n'a jamais été aussi haut. Le BIXI est un succès et le système de vélos en libre-service devrait pulvériser cette année son record de 3,3 millions de déplacements enregistrés l'an dernier.

Des parents protecteurs

«Le seul bémol de cette étude, c'est la diminution de la pratique du vélo chez les enfants et ça, c'est un phénomène qu'on constate partout au Québec», explique Marc Jolicoeur, directeur de la recherche à Vélo Québec.

Selon lui, deux tendances expliquent ce phénomène: d'une part, le caractère de plus en plus protecteur des parents, d'autre part, la médiatisation à outrance des accidents impliquant des cyclistes.

«Les parents sont de plus en plus inquiets. Ils ont de moins en moins d'enfants, un ou deux, et ont tendance à les surprotéger. Je le sais, je suis parent moi-même et je le constate aussi chez mes amis.»

M. Jolicoeur croit de plus que les médias accordent une importance démesurée aux accidents impliquant des cyclistes, donnant l'impression que la pratique du vélo est dangereuse. Dans les faits, des études prouvent que, même si le nombre de cyclistes n'a cessé d'augmenter à Montréal dans les dernières années, le nombre d'accidents est demeuré stable.

«Tout ça mis ensemble, on se retrouve avec une situation où de moins en moins de parents laissent leurs enfants faire du vélo en ville.»

Contre la sédentarité

Le directeur de la recherche à Vélo Québec espère que la perte de popularité du vélo chez les jeunes pourra être endiguée. Il note ainsi que le programme Mon école à pied, à vélo est un succès: Vélo Québec est présent dans 210 écoles au Québec, dont 69 à Montréal.

«Le but de ce programme est de redonner le goût aux jeunes de marcher ou de faire du vélo pour se rendre à l'école. C'est là que ça commence. On organise des marches autour des écoles avec les élèves, et on se rend compte que plusieurs d'entre eux n'ont jamais marché près de leur école. Ils arrivent en voiture, repartent en voiture.»

Selon un avis de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) diffusé en juillet, environ 30% des élèves du primaire dans la province se déplacent à pied entre la maison et l'école et près de 2% à vélo. Le reste fait le voyage en voiture, en autobus d'écoliers ou en transport en commun.

Les transports actifs doivent être promus, selon l'INSPQ, car ils contribuent à lutter contre la sédentarité chez les jeunes. «Quand on demande aux parents leurs raisons pour privilégier l'auto, ils indiquent qu'ils jugent les transports actifs dangereux, a expliqué Michel Lavoie, médecin à l'Institut, lors de la publication de l'étude. Il faut donc améliorer la sécurité des trajets pour changer cette perception.»