Confronté à des «choix déchirants», l'arrondissement du Sud-Ouest va devoir supprimer une dizaine d'emplois, fermer une piscine et lever une taxe spéciale pour boucler son prochain budget.

La taxe spéciale affectera uniquement les habitants du quartier Griffintown, un ancien secteur industriel où les condos poussent comme des champignons. Les propriétaires d'un logement y paieront en moyenne 85 $ de plus par année avec cette taxe.

Le maire du Sud-Ouest explique être contraint de recourir à ces mesures parce que Montréal ne remet pas suffisamment d'argent à son arrondissement. «Les revenus de la Ville augmentent sans cesse, dit Benoit Dorais. Mais nos dotations ne suivent pas. Gérald Tremblay décide de pénaliser les arrondissements en leur disant de taxer localement et de porter l'odieux. Le maire s'en lave les mains, comme il a toujours l'habitude de le faire.»

Le Sud-Ouest - qui regroupe des quartiers comme Saint-Henri, la Petite-Bourgogne et Pointe Saint-Charles - devait trouver 2 millions pour boucler son budget 2012.

Ses élus ont choisi de sacrifier l'une des cinq piscines intérieures de l'arrondissement. Le Bain Émard fermera ses portes d'ici la fin de l'année. Le maire laisse aussi entendre que le service de déneigement pourrait se dégrader dans son arrondissement, faute de moyens. «Il faut appeler un chat, un chat et parler de baisse de qualité des services aux citoyens», admet-il.

Quant à la taxe spéciale payée par les propriétaires de Griffintown, elle est rendue nécessaire par l'explosion des services rendus aux citoyens de ce secteur jadis très peu peuplé. Selon M. Dorais, la ville centre ne donne pas assez d'argent à son arrondissement pour assumer cette nouvelle charge. «L'administration Tremblay se sert du boom immobilier à Montréal pour renflouer ses coffres en pénalisant les arrondissements», tonne l'élu de Vision Montréal.

La sortie du maire du Sud-Ouest survient un jour après une autre, similaire, du maire du Plateau-Mont-Royal. Luc Ferrandez, de Projet Montréal, a prévenu mardi qu'il devrait aussi lever une taxe spéciale si la Ville ne lui donne pas un million de dollars pour l'exercice financier 2012.

L'administration Tremblay a accueilli froidement les sorties des maires de l'opposition. Alan DeSousa, vice-président du comité exécutif à la Ville de Montréal, y voit une manifestation de plus de l'arrivée de l'automne. «C'est encore le tam-tam budgétaire de l'automne, s'est moqué l'élu d'Union Montréal. Je suis élu depuis 10 ans et depuis 10 ans j'entends la même chose. C'est la fin de l'été, c'est le retour au travail et ils regardent leurs budgets et ont un choc. Je les invite à se calmer et à trouver des solutions.»

La Ville centre doit aussi faire face à des choix douloureux, a-t-il rappelé. L'administration Tremblay s'est par exemple engagé à réaliser des compressions de 250 millions au cours des deux prochaines années.

«J'invite les arrondissements à regarder leurs pratiques et à gérer leurs finances de manière responsable, insiste M. DeSousa, qui est aussi maire de l'arrondissement de Saint-Laurent. Nous devons tous faire ça.»