Hier, Claire Dubois est venue de Québec pour entendre le dalaï-lama à Montréal. «Il m'a permis de mieux vivre, il est d'une bonté incroyable», a expliqué cette informaticienne avant d'entrer dans le stade Uniprix, où le chef spirituel des Tibétains s'est adressé à quelques milliers d'admirateurs.

«Quand on échoue neuf fois, il faut réessayer neuf fois, a scandé le dalaï-lama. Le changement vient une personne à la fois. Il faut changer intérieurement, puis faire changer sa famille, puis ses voisins.»

Invité par la deuxième Conférence mondiale sur les religions du monde, le dalaï-lama a eu une journée bien remplie: visite dans un centre bouddhiste du boulevard Chambly, sur la Rive-Sud, puis conférence de presse et allocution au Palais des congrès, suivies par sa conférence au stade Uniprix.

«Je l'ai vu ce matin sur la Rive-Sud», dit Benoît Marcotte, gérant de salle de spectacle de Longueuil dans la trentaine, à l'entrée du stade Uniprix. «Je l'ai découvert au secondaire en faisant une recherche sur les religions. Je le suis un peu partout depuis. Je suis allé en Inde. Il véhicule de bonnes valeurs, la non-violence. J'aime tout ce qui est antiguerre, antiviolence. Mais j'aime le bouddhisme aussi.»

La foule du stade Uniprix a d'ailleurs réservé ses ovations les plus importantes au dalaï-lama lorsqu'il a parlé de la fin des guerres. «Quand j'étais petit, mon frère et moi avions nos petites mésententes, puis nous nous réconciliions. Nous pouvons vivre ainsi au plan humain. Il n'y a pas besoin d'armées.» Ou encore: «Le XXe siècle a été un bain de sang. Le XXIe siècle ne doit pas en être un.»

Le matin, en conférence de presse, le dalaï-lama avait aussi évoqué le thème de l'inimitié: «Votre ennemi est le meilleur professeur. Il enseigne la patience. Dans le bouddhisme, il n'y a pas directement d'enseignement de pardon et de tolérance. Seuls les fauteurs de troubles vous enseignent le pardon et la tolérance.»

France Bonvouloir, professeure d'architecture rencontrée au parc Jarry, trouve d'ailleurs que le bouddhisme est «une religion ouverte sur toutes les autres religions». «Ça rejoint plus les valeurs modernes», dit Mme Bonvouloir, qui a découvert le bouddhisme lors d'un voyage au Vietnam l'an dernier.

Le magnétisme du dalaï-lama était particulièrement évident lors de la conférence qu'il a prononcée devant 2500 personnes au Palais des congrès. Au début, il a fait rire la foule en s'interrompant pour aller chercher une casquette de tennis afin de mieux voir la salle. En réponse à une question sur la capacité des religions d'être une force positive, il a rétorqué immédiatement: «Oui, sans aucun doute!» Puis il a attendu que la foule rie et applaudisse.

La domination qu'exerce la Chine sur le Tibet a été très peu évoquée, même si la conférence du parc Jarry était organisée par le comité Canada-Tibet. «En Chine, il n'y a pas d'éthique, seulement du pouvoir», a dit le dalaï-lama durant la conférence de presse, après avoir évoqué la corruption en Inde. En sortant de la conférence de presse, il a apostrophé un journaliste chinois, qu'il considérait visiblement comme un espion de Pékin. «Je sais qu'il y a de la répression au Tibet, s'est défendu ce dernier. Mais il y en a aussi ailleurs en Chine.»