Le tiers des structures sous la responsabilité de la Ville de Montréal sont détériorées et ont besoin d'être réparées, et 12 sont jugées carrément critiques, bien que seulement 2 d'entre elles aient été fermées à la circulation.

La Ville de Montréal a levé le voile mercredi sur l'état des 555 ouvrages qui relèvent de sa responsabilité. Au-delà des 12 qui sont dans un état critique, 44 sont jugées déficientes, 38 médiocres et 81 détériorées. Enfin, 380 sont en bon état et ne nécessitent pas d'intervention.

La détérioration des structures a même forcé la fermeture de 13 d'entre elles et l'imposition de restrictions à la circulation pour 24 autres. «Même si on a des infrastructures critiques, ça ne veut pas dire qu'elles ne sont pas sécuritaires», a tenu à assurer le maire Gérald Tremblay.

En point de presse, il a dit lui-même circuler quotidiennement sur le pont d'étagement Rockland. «Il est marqué comme critique, mais il est sécuritaire.»

Le réseau routier de la métropole se fait vieux. La majorité des structures, soit 58%, ont été construites avant 1970 et ont donc plus de 40 ans. Pour en assurer la sécurité, la Ville dit faire une inspection générale tous les quatre ans, en plus d'une inspection sommaire chaque année.

La Ville de Montréal estime qu'elle devrait investir 50 millions par année pour maintenir en état ses ponts et tunnels. En conférence de presse, mercredi, le maire a indiqué que son administration y a investi jusqu'ici 30 millions par an, en moyenne. Or, le vérificateur général, dans son rapport publié en mai dernier, parle plutôt d'à peine 10 millions en moyenne pour les années 2007 à 2010.

«On n'avait peut-être pas toute l'information pertinente pour prendre ces décisions. Mais quand arrivent des événements comme ceux qu'on a vécus récemment, ça crée une tension utile», a dit le maire en allusion à l'effondrement des paralumes dans le tunnel de l'autoroute Ville-Marie.

Demain, l'administration Tremblay-Applebaum rendra public son programme triennal d'immobilisations (PTI), qui détaille les travaux à faire dans les trois prochaines années, et annoncera une hausse des investissements, qui seront de 157 millions en tout. Le gros de l'effort débutera seulement en 2013 puisque seulement 34 millions sont prévus l'an prochain. C'est la première fois que le PTI est présenté aussi tôt, s'est félicité le maire, qui estime que cela permettra de lancer plus rapidement les appels d'offres.

L'entretien des ponts et tunnels ne représente que la pointe de l'iceberg, a toutefois souligné le maire Tremblay. Montréal évalue en fait à 550 millions par an les fonds nécessaires pour maintenir en état l'ensemble de son réseau routier. Or, les contribuables peuvent seulement fournir 300 millions, estime Gérald Tremblay. Il demande donc 250 millions aux gouvernements provincial et fédéral pour éviter que la situation ne se détériore davantage. «On ne veut plus de promesses des gouvernements, on veut des gestes concrets. Montréal est à la croisée des chemins», a-t-il dit.

Le maire doit d'ailleurs en discuter aujourd'hui avec le nouveau ministre des Transports, Pierre Moreau, avec qui il s'est entretenu deux fois au téléphone depuis sa nomination, la semaine dernière.

Opposition peu impressionnée

La divulgation de l'état des ponts et tunnels de la Ville de Montréal n'a pas impressionné l'opposition. «J'aurais aimé qu'on nous remette les rapports d'ingénieur complets pour toutes les structures, pas de simples fiches techniques pour une poignée d'entre elles, a déploré Richard Bergeron, chef de Projet Montréal. Je constate qu'on nous remet des fiches techniques plus d'un mois après que Gérald Tremblay eut exigé du gouvernement du Québec qu'il rende publics les rapports d'ingénieurs pour les infrastructures provinciales. Il faut avoir du culot!»

Selon Richard Bergeron, la divulgation de tous les rapports d'ingénieurs aurait permis de «restaurer le lien de confiance entre les Montréalais et l'hôtel de ville».

Pierre Lampron, de Vision Montréal, ne s'est pas montré plus épaté: «Ces faits-là sont connus par l'administration depuis plus d'un an et demi. Le vérificateur général a même fait la liste des structures problématiques dans son dernier rapport annuel. Le maire aurait pu au moins remercier le vérificateur général d'avoir été aussi clairvoyant.»