Le ministre fédéral des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités, Denis Lebel, a rencontré la mairesse de Longueuil en privé, hier, mais a refusé toute demande d'entrevue relative au statut du pont Champlain, entre Montréal et la Rive-Sud.

L'attachée de presse de la mairesse Caroline St-Hilaire, Catherine Bérubé, a confirmé à La Presse que le ministre Lebel s'est présenté à l'hôtel de ville, à quelques heures d'avis, hier. Il a ainsi répondu à une demande de rencontre «sollicitée de longue date» pour discuter d'enjeux qui relèvent de son ministère et qui préoccupent la Ville de Longueuil, tel le dossier de l'aéroport de Saint-Hubert.

Mais «il a bien sûr été question du pont Champlain, a dit Mme Bérubé. La mairesse en a profité pour sensibiliser le ministre aux enjeux économiques dans ce dossier».

Selon Mme Bérubé, le ministre «s'est montré réceptif aux propos de Mme St-Hilaire», mais il n'a formulé aucun engagement, et n'a surtout avancé aucune date quant à une éventuelle annonce du gouvernement fédéral sur l'avenir de ce pont de première importance pour la région de Montréal et qui est en très mauvais état.

La Presse a révélé hier que la Société des ponts fédéraux, l'organisme qui est responsable du pont Champlain, à Ottawa, a commandé une étude, en 2010, pour évaluer les impacts qu'aurait une fermeture partielle ou complète du pont Champlain sur la circulation automobile et sur les activités industrielles dans la région de Montréal.

Selon ce rapport, la production manufacturière pourrait perdre jusqu'à 594 millions par année, autour de Montréal, alors que des entreprises du reste de la province essuieraient des pertes annuelles estimées à près de 147 millions.

À Ottawa, le ministre Lebel a refusé hier de commenter les conclusions de cette étude. Son attaché de presse, Pierre Floréa, a affirmé dans un courriel à La Presse que «le ministre Lebel n'est pas disponible pour accorder une entrevue».

«Ça fait partie du rôle du ministre de rencontrer des intervenants, partout au pays», a indiqué M. Floréa, sans toutefois confirmer la tenue de la «rencontre privée» avec la mairesse St-Hilaire ou avec d'autres dirigeants municipaux de la métropole.

Réactions

L'attitude du gouvernement fédéral dans le dossier du pont Champlain irrite au plus haut point le porte-parole de la Coalition Champlain en chantier, Jacques Olivier. Ce dernier s'est interrogé hier sur le «sérieux» des gestes du ministre Lebel, qui garde le silence «alors que c'est lui qui devrait rassurer les populations de la Rive-Sud et de Montréal sur le fait que leur santé économique est prise à coeur à Ottawa».

En réaction aux révélations d'hier de La Presse, le ministre des Finances du Québec et ministre responsable de la région de Montréal, Raymond Bachand, a déclaré que «ça fait fort longtemps qu'on sait que le pont Champlain est un axe économique crucial non seulement pour Montréal, mais aussi pour le Québec entier, et même pour le Canada».

«L'ensemble des décideurs financiers de Montréal, a-t-il souligné, l'ont déjà fait savoir au gouvernement du Canada: si le pont Champlain ferme, le PIB du Canada baisse. Mettons ça simple, c'est à peu près comme ça. «

M. Bachand a par ailleurs ajouté que «le gouvernement du Canada est en train d'étudier, techniquement, ce qui doit être fait, et comment le faire». Il a assuré avoir bon espoir qu'Ottawa «va trouver une solution».

Le Nouveau Parti démocratique et le Parti libéral ont soulevé le dossier à la Chambre des communes et au Comité des transports. Le leader adjoint du NPD, Thomas Mulcair, a soutenu qu'en raison de l'importance stratégique du pont Champlain, «il est urgent que le gouvernement commence à assumer ses responsabilités à l'égard de la construction d'un nouveau pont».

Le chef du Parti libéral, Bob Rae, a affirmé pour sa part qu'«il faut avoir un nouveau pont, les faits sont assez clairs. Le ralentissement économique nous donne une occasion de faire avancer des projets, et le pont Champlain est un de ces projets clés dans le pays pour l'infrastructure du Canada «.

Avec Joël-Denis Bellavance et Martin Vallières