Le Parc olympique, avec son stade audacieux, ses millions de visiteurs chaque année qui se promènent dans ses 338 000 m2, est un lieu «riche», une «oeuvre unique» qui mérite mieux que l'indifférence des Montréalais.

Ce consensus, c'est celui d'une journée complète de présentations par une dizaine d'experts, réunis hier sur le thème de l'avenir du Parc olympique. L'heure était plus aux projets prometteurs, aux idées audacieuses qu'à la critique de ce lieu mal-aimé depuis plus de trois décennies.

Et les idées originales n'ont pas manqué, de l'hôtel au-dessus de la station de métro au roulodrome autour du «Big O», en passant par l'abandon du toit pour le Stade ou son utilisation pour des compétitions de ski.

Organisée par le Groupe de recherche sur les espaces festifs (GREF) de l'UQAM, la journée de réflexion se veut une «très modeste contribution», selon son directeur Sylvain Lefebvre, à la démarche actuelle de la Régie des installations olympiques, qui se penche sur l'utilisation future de ce vaste ensemble.

«Le Stade olympique est peut-être un échec dans notre psyché collective, mais il possède beaucoup d'avantages pour en refaire un objet de fierté, estime Sébastien Manseau, chargé de projet de l'Atelier urbain. Tout le parc a principalement un problème d'image, ce qui nous empêche d'aller de l'avant collectivement.»

Un «monument»

Or, l'endroit regorge d'histoire et est un précieux témoin de la volonté de Montréal de se distinguer, il y a plus de quatre décennies, souligne Tim Abrahams, éditeur adjoint de la revue britannique Blueprints, spécialisée en architecture urbaine.

«Le Stade olympique est un monument, une sculpture, a-t-il rappelé. Rattacher cette oeuvre au succès qu'ont été les 16 jours de Jeux olympiques en 1976 serait une bonne façon de rapprocher les Montréalais.»

Un espace «non consommé»

Les experts s'entendent, le Parc olympique est actuellement orphelin, peu apprécié des Montréalais, «probablement à tort», estime Sylvain Lefebvre. «La mauvaise presse et sa réputation peuvent l'expliquer. Mais il reste qu'on a un stade d'une audace architecturale importante, qu'on l'aime ou qu'on le déteste.»

Le parc, pourtant très fréquenté - 100 millions d'entrées de visiteurs depuis 1976, 144 jours d'activité dans le Stade -, n'arrive pas à retenir ses visiteurs, note-t-il. «Ce n'est pas un espace qui est vécu, consommé comme il pourrait l'être. Quand un événement attire 50 000 ou 60 000 personnes au Stade, il ne se passe rien avant ou après. Le Parc olympique, c'est l'antithèse du parc La Fontaine. On a des espaces très vastes, où domine le béton. Ils sont imposants, intimidants; on n'irait pas naturellement y pique-niquer.»

Il estime qu'il y a actuellement «un devoir de refondation, de réappropriation» du parc et de son stade, «un bâtiment qui a très bien vieilli». «C'est vachement impressionnant, j'en ai des frissons quand je vois sa tour à la descente de l'avion!»

Le comité mis sur pied par la RIO, présidé par la journaliste Lise Bissonnette, vient de boucler deux semaines de consultations sur invitation auprès de représentants de groupes de tous les horizons. Deux jours de consultations publiques ouvertes aux citoyens se tiendront les 15 et 16 octobre prochains. Des visites des installations olympiques seront également offertes la même fin de semaine aux citoyens qui se seront inscrits. Une tournée de consultations régionales aura ensuite lieu jusqu'à la fin du mois. Un premier rapport d'«orientations générales» sera remis à la RIO fin décembre.