L'Union des producteurs agricoles (UPA) du Québec a demandé, hier, que le territoire agricole dans la région métropolitaine soit protégé de nouveaux empiètements urbains au cours des 20 prochaines années, soit pour toute la durée du Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD), actuellement en consultation.

Le PMAD, proposé par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), prévoit le gel du territoire agricole pour seulement cinq ans.

De plus, afin de s'assurer que les objectifs du PMAD se réalisent et que ses critères de développement soient respectés, l'UPA a réclamé hier la mise en place de plusieurs mesures «de contrôle» pour dresser un «registre public» des terrains à lotir, et pour obliger les municipalités à adopter des mesures particulières de densification sur leur territoire.

Le PMAD doit entrer en vigueur le 1er janvier 2012, selon la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Il vise à baliser le développement résidentiel, industriel et commercial pour les 82 municipalités de la région métropolitaine de Montréal, et ce, jusqu'en 2031.

Au cours des 20 prochaines années, l'Institut de la statistique du Québec prévoit que 320 000 nouveaux ménages (530 000 personnes) s'ajouteront à la population actuelle de la région métropolitaine. Pour loger tous ces nouveaux arrivants dans le territoire actuel, tout en limitant l'expansion du réseau routier et une hausse des déplacements en automobile, la CMM recommande de «densifier» la construction résidentielle dans les territoires existants.

Au printemps dernier, ces propositions de la CMM ont été adoptées dans la division par le conseil de la CMM, formé d'élus représentant toutes les municipalités du territoire. Les représentants de Laval et de la banlieue nord ont alors refusé de participer au vote portant sur l'adoption du PMAD, appuyé par une nette majorité du conseil.

Depuis, plusieurs maires de la banlieue nord ont accusé la CMM de contrecarrer le développement de leurs municipalités en leur retirant toute possibilité de s'étendre dans les terres agricoles.

Selon le président de l'UPA, Christian Lacasse, ce «discours» des municipalités de la banlieue nord «est le même que les agriculteurs entendent depuis 10 ans, et qui a servi à excuser le dézonage de

3000 hectares de terres agricoles alors qu'il reste 16 000 hectares de terrains disponibles au développement», dans l'ensemble de la région métropolitaine.

Des appuis à l'UPA

En appui à l'UPA, aujourd'hui, plusieurs organismes, dont l'Ordre des architectes du Québec, l'Ordre des agronomes, la Fondation David Suzuki et le Regroupement national des conseils régionaux en environnement du Québec, prévoient «lancer un appel en faveur de la pérennité du territoire agricole, en marge des audiences publiques sur le PMAD».

Hier, le conseil régional de l'environnement (CRE) de Montréal a lui aussi réclamé le gel du territoire agricole actuel pour les 20 prochaines années, reprochant même au PMAD un «manque d'ambition».

Dans son mémoire, le CRE souligne que si la tendance actuelle se maintient, dans la couronne nord, 91% des nouvelles habitations qui y seront construites d'ici à 2031 seront entièrement dépendantes de l'automobile.

Seulement 9% des nouveaux logements seraient situés dans une aire desservie par les transports collectifs, selon le CRE. Cela est «même en deçà» du pourcentage actuel de 11% dans la région.

Le CRE demande de porter de 40% à 60% la proportion des nouvelles habitations desservies par les réseaux de transports en commun, d'ici à 2031. Ce seuil permettrait aussi d'atteindre un autre objectif, celui de réduire de 20% la circulation automobile en période de pointe, le matin.

Cet objectif était d'ailleurs proposé dans le Plan de transport de l'agglomération de Montréal, dès 2006, souligne le CRE.

Enfin, dans un mémoire déposé hier, le consortium de recherche sur les changements climatiques Ouranos estime qu'il fera plus chaud dans la région de Montréal au cours des prochaines décennies, et que le plan de la CMM n'en tient pas suffisamment compte.

Selon Ouranos, la température sera plus chaude de 1,9 à 3,8 °C, dans la région de la métropole, à l'horizon 2050, en raison du réchauffement climatique. Bien qu'il évoque souvent la question des changements climatiques, le PMAD devra détailler plus clairement ses objectifs.