Un regroupement de gens d'affaires, de syndicats, de groupes communautaires et d'élus municipaux se mobilise pour convaincre la Société des alcools du Québec (SAQ) de garder ouvertes deux succursales dans l'arrondissement du Sud-Ouest, à Montréal. Ils craignent que la disparition de ces établissements nuise aux autres commerces du quartier.

La SAQ qui a pignon sur la rue Centre en face du métro Charlevoix est minuscule. Cela ne l'empêche pas de peser lourd dans la vitalité économique du quartier, estime Jean-Jacques Beauchamp, du Comité au Centre du quartier de Pointe-Saint-Charles. Ce regroupement de marchands et de propriétaires immobiliers tente depuis des mois de convaincre la société d'État de ne pas fermer cet établissement.

«Les gens qui déambulent sur la rue Centre, ils ne viennent pas juste pour la SAQ, dit-il. Ils vont aller à la quincaillerie, ils vont aller prendre un repas au restaurant. C'est un pôle d'attraction.»

Même son de cloche à la Société de développement commercial (SDC) de la rue Monk, l'organisme qui représente 160 marchands de cette artère de Ville-Émard. Si la SAQ quitte cette rue, ses clients iront à Lasalle pour acheter leurs bouteilles de vin, souligne cet organisme. Et tant qu'à virer là-bas, ils pourraient très bien en profiter pour faire leurs emplettes, ce qui se traduirait par des pertes pour les marchands de la rue Monk.

«La SAQ n'est peut-être pas un service essentiel, mais beaucoup de monde s'en sert», dit la directrice de la SDC, Hélène Tody.

Le regroupement a recueilli plus de 7500 signatures dans une pétition, espérant convaincre la direction de la SAQ de garder ces deux succursales ouvertes, voire de les rénover. Le maire de l'arrondissement, Benoît Dorais, s'est joint à la mobilisation. Selon lui, la rentabilité ne doit pas être le seul objectif de la société d'État. Elle doit aussi jouer un rôle social.

Le regroupement reproche en outre à la société d'État de fermer des succursales dans les centres-ville et d'en ouvrir d'autres en périphérie, là où le stationnement est gratuit et accessible. Il montre en exemple le cas de Trois-Rivières, où la SAQ est sur le point de fermer son établissement de la rue des Forges.

«Il y a un impact au niveau du développement des artères commerciales, mais aussi au niveau du développement urbain, souligne Geneviève Grenier, du groupe communautaire Action-Gardien. Quel type de développement veut-on? Des quartiers où les résidants peuvent habiter, consommer, se déplacer ou est-ce qu'on veut des centres d'achats, l'utilisation de la voiture et l'étalement urbain.»

Pas de décision encore

La SAQ précise qu'elle n'a pas encore pris une décision finale quant à l'avenir des succursales des rues Centre et Monk. Ces deux magasins ne sont pas les plus rentables du réseau, convient toutefois sa porte-parole, Isabelle Merizzi.

«On suit la clientèle, dit-elle. C'est le secret en commerce de détail: on va où les gens veulent aller magasiner. Et parfois, il y a un déplacement des zones commerciales.»

La société d'État se défend bien de déserter les centres-ville, toutefois. Avec 800 points de vente, dit Mme Merizzi, on peut difficilement dire que la SAQ est difficilement accessible à sa clientèle.