La controverse n'aura pas eu raison de la Islamic Education and Research Academy (IERA). Malgré une motion de l'Assemblée nationale s'y opposant, la conférence de cette organisation mulsumane britannique a eu lieu comme prévu, vendredi soir, à Montréal. Une conférence qui, espère l'IERA, «fera déferler sur le Canada une vague sans précédant de Dawah (une technique de recrutement de non-musulman)».

Intitulé «Calling the World Back to Allah», la conférence devait d'abord avoir lieu dans des locaux de l'université Concordia. Mais, devant la controverse suscitée par la présence de deux islamistes qualifiés d'extrémistes , elle a été déplacée au Centre culturel Laurentien à Montréal, un établissement affilié à l'Assocation musulmane du Canada. Celle-ci a tenu à préciser que seul un contrat de location la lie à l'IERA. Elle dit ni appuyer, ni condamner les positions de l'organisation britannique.

L'événement s'est déroulé en l'absence de l'un des conférenciers les plus controversés, soit Abdur Raheem Green, un citoyen britannique converti à l'islam qui, dans une vidéo diffusée sur YouTube, explique pourquoi et comment le Coran autorise les hommes musulmans à utiliser «une certaine forme de force physique pour protéger leurs femmes contre le mal».

«M. Green n'a pas pu venir au Canada, a expliqué le porte-parole de l'IERA, Saleem Chagtai, qui l'a remplacé au micro. Son père est décédé.» M. Chagtai a assuré que le désistement d'Abdur Raheem Green n'était pas lié à la controverse qui s'est rendue cette semaine jusqu'à l'Assemblée nationale, laquelle a adopté une motion pour exiger que le gouvernement Harper refuse l'entrée au Canada d'Abdur Raheem Green et d'Hamza Tzortzis.

En entrevue à La Presse, Hamza Tzortzis s'est dit surpris du tollé soulevé par sa présence au Canada. «Vous n'avez pas à avoir peur de nous, nous sommes ici pour aider à construire un Canada meilleur», a-t-il déclaré. Il a ajouté que les Canadiens sont mal informés sur l'islam et que les élus provinciaux ont fait preuve d'opportunisme politique en adoptant une telle motion.

Aux près des 150 personnes présentes, pour la plupart jeunes et musulmanes, Hamza Tzortzis et Saleem Chagtai ont surtout parlé de dawah, cette technique de recrutement des non-musulmans qui consiste à envoyer des missionnaires islamiques dans la population. «Allah dit : ''vous êtes la meilleure nation jamais produite pour l'humanité''», a lancé Saleem Chagtai en appelant les musulmans à faire preuve de leadership et à faire connaître l'islam dans leur communauté.

Hamza Tzortzis et Saleem Chagtai se sont défendus d'être homophobes, antisémites et misogynes. Selon eux, les propos qui font scandale ont été mal interprétés. «Ce que nous disons, c'est que si quiconque, que ce soit l'homme ou la femme, est sur le point de commettre un crime, d'abuser un enfant, alors le mari, ou la femme, peut certainement maîtriser sa femme ou son mari», a précisé M. Chagtai. Après Montréal, l'IERA présentera sa conférence demain, à Toronto.