Devrait-on faciliter la vie des jardiniers urbains? Doit-on autoriser certains types d'élevage en ville? Ces questions seront parmi celles qu'examinera la Ville de Montréal, après que plus de 25 000 personnes eurent appuyé l'idée d'une consultation sur l'agriculture urbaine.

L'agriculture urbaine devient ainsi le premier sujet soumis à la consultation publique en vertu du «droit d'initiative» créé en septembre 2009 par la Ville. Il faut que 15 000 signatures aient été recueillies en trois mois pour forcer la Ville à consulter le public sur un sujet donné. La consultation peut être confiée à une commission permanente d'élus ou à l'Office de consultation publique de Montréal.

Les organisateurs de cette initiative, le Groupe de travail en agriculture urbaine, se sont réjouis, hier, en dévoilant le résultat de leur campagne de signatures, menée par une cinquantaine de groupes.

«Quand on abordait les gens pour leur signature, leur premier réflexe était de passer leur chemin, mais quand on leur disait que c'était pour l'agriculture urbaine, ils étaient très intéressés», affirme Marie-Ève Chaume, porte-parole du groupe.

Climat idéal

Selon Mme Chaume, Montréal profite d'un climat idéal pour l'agriculture, entre autres à cause de l'effet d'îlot de chaleur urbain.

Montréal compte près d'une centaine de jardins communautaires qui regroupent jusqu'à 15 000 jardiniers. Il y a aussi une cinquantaine de jardins collectifs et une centaine de jardins sur les toits.

L'agriculture urbaine a maintenant aussi sa star technologique, avec les Fermes Lufa, sur le toit d'un édifice industriel de la ville. Mais l'idée englobe aussi le simple fait d'avoir un pot de fines herbes sur son balcon, dit Mme Chaume.

Selon le responsable du développement durable à la Ville de Montréal, Alan DeSousa, le sujet est mûr pour une consultation.

«C'est un dossier qui me tient à coeur», a-t-il dit, après avoir félicité les organisateurs.

Il affirme que l'agriculture urbaine sera abordée dans le Plan de développement urbain de Montréal, en cours de préparation et qui doit remplacer l'actuel plan d'urbanisme.

Il dit déjà appuyer l'idée de diriger la question vers l'Office de consultation publique de Montréal. «Le moment est propice, dit-il. C'est le comité exécutif qui va prendre la décision, mais je reste ouvert à recommander à mes collègues de confier le dossier à l'Office.»

L'idée a fait l'unanimité, hier, recevant aussi l'appui des deux autres partis politiques municipaux, Projet Montréal et Vision Montréal.

Vaste chantier dans Saint-Henri

Les jardins communautaires sont très populaires, mais on ne peut pas les réaliser n'importe où, comme en fait foi le projet de verdissement Woonerf Saint-Pierre, dans le quartier Saint-Henri. Woonerf est un mot néerlandais qui signifie «rue partagée», explique la conseillère Véronique Fournier.

L'arrondissement du Sud-Ouest a lancé ce vaste chantier de verdissement dans une ruelle un peu particulière du quartier. Large comme un boulevard et longue d'un kilomètre, elle recouvre un immense tuyau collecteur d'égout.

Des ouvriers enlèvent actuellement 12 000 mètres carrés d'asphalte et l'avenir de cet espace «déstructuré» est assurément plus vert. Un passage pour les voitures sera conservé, mais on y plantera des arbres, des arbustes et de la pelouse.

Selon Pierre-Luc Frigon, architecte-paysagiste responsable du projet, on ne peut y faire de jardin potager. «Le taux de contamination du sol fait que ce n'est pas propice», dit-il.

Qu'à cela ne tienne, un espace a été prévu pour un jardin communautaire sur un terrain situé à l'extrémité de la ruelle qui sert actuellement de stationnement. «Les gens du quartier ont déjà manifesté leur intérêt à participer au jardin», affirme Mme Fournier.