La seule rame de train de banlieue entièrement équipée de matériel roulant flambant neuf de l'Agence métropolitaine de transport (AMT), dans laquelle se trouvaient 1400 passagers, a fait un arrêt un peu brusque à la Gare centrale de Montréal, vendredi matin, à la suite de l'«inclinaison» anormale d'une voiture de passagers, dont la cause est encore inconnue.

Personne n'a été blessé, mais la voiture Bombardier de série 3000 qui serait à l'origine de cet incident et la locomotive bimode seront retirées du service pour une période indéterminée. Une photo de la locomotive prise par un passager, après sa sortie du train, laisse voir celle-ci appuyée de travers contre le quai, dans un angle étrange.

L'AMT et le Canadien National (CN), propriétaire de la voie ferrée, ont ouvert une enquête commune pour déterminer ce qui a pu se produire pour qu'un train entier soit ainsi secoué à son arrivée en gare, alors qu'il roulait à «cinq milles à l'heure», selon la directrice des relations médias de l'AMT, Martine Rouette.

Le Bureau de la sécurité dans les transports (BST) a aussi confirmé à La Presse, vendredi, qu'il était «en recherche d'informations» afin de déterminer si une enquête fédérale indépendante est nécessaire dans cette affaire, qui survient moins de deux semaines seulement après la mise en service des nouvelles locomotives de l'AMT.

La future image de l'AMT

Le train de banlieue qui est arrivé, hier, à 7 h 50 à la Gare centrale en provenance de Mont-Saint-Hilaire, sur la Rive-Sud, représente la future image de l'AMT. Il était formé de voitures de passagers récentes de série 3000, mises en service en 2009, et des deux seules locomotives ALP-45DP en service sur les trains de banlieue de la métropole. C'est la seule rame de train qui roule ainsi équipée sur tout le réseau de l'AMT.

Commandées à Bombardier en 2007 et 2008, les 160 voitures et les 20 locomotives neuves (les 18 autres seront livrées au cours des prochains mois) ont coûté un peu plus de 700 millions aux contribuables québécois.

Ce sont des rames identiques à celle de Mont-Saint-Hilaire qui rouleront bientôt sur toutes les lignes de train de l'AMT, y compris la ligne entièrement électrifiée de Deux-Montagnes qui emprunte le tunnel du mont Royal, tous les jours, en direction du centre-ville de Montréal.

Ce tunnel, qui fait presque 5 kilomètres, ouvert en 1918, ne respecte aucune des normes de sécurité les plus élémentaires contre les incendies, a récemment révélé La Presse. Il n'a pas de sortie de secours ni de ventilation mécanique et n'est pas équipé d'un système de gicleur en cas d'incendie. Il n'y existe actuellement aucune source d'alimentation en eau.

Ce tunnel est aussi étroit. Par endroits, il n'y a que quelques dizaines de centimètres de dégagement entre ses parois rocheuses et les trains qui y circulent. En s'inclinant dans ce tunnel comme il l'a fait, hier matin, à son arrivée en gare, le train de passagers aurait pu percuter les murs du tunnel.

On ne peut que spéculer sur les conséquences d'un tel incident dans cet environnement clos.

Arrêt brusque

Les 1400 passagers du train de Mont-Saint-Hilaire n'ont ressenti «qu'un arrêt un peu plus brusque que d'habitude», a raconté hier à La Presse l'un des passagers, Sylvain Duval, un résidant de Saint-Bruno-de-Montarville qui prend ce train de banlieue tous les jours.

«On rentrait en gare quand le train s'est arrêté brusquement, raconte-t-il. La voiture dans laquelle je me trouvais n'était pas encore à quai, alors nous avons attendu. Personne n'avait l'air inquiet ou paniqué.»

Un message vocal a été diffusé dans le train, «mais on n'y a rien compris», ajoute-t-il. Au bout d'une dizaine de minutes, le personnel de l'AMT est venu dire qu'en raison de l'immobilisation du train, les passagers devaient évacuer en remontant vers les premières voitures, pour sortir sur le quai de la Gare centrale.

À l'AMT, la porte-parole Martine Rouette a affirmé qu'on ne savait pas encore ce qui a provoqué l'«inclinaison» inhabituelle d'une des voitures, qui a été endommagée dans ce mouvement.