Montréal demande à son service de police d'appliquer une politique de «tolérance zéro» envers le profilage racial. Actuellement, un agent peut faire l'objet de cinq plaintes en la matière avant d'être réprimandé.

«C'est tolérance zéro pour toute forme de pratique discriminatoire», a martelé le maire Gérald Tremblay. À ses côtés, le directeur du SPVM, Marc Parent, a assuré qu'«il y aura des conséquences pour ceux qui font du profilage racial ou social, et ce, peu importe le niveau hiérarchique».

Nouvelle politique

Le SPVM a présenté hier une nouvelle politique contre le profilage racial. L'une des mesures prévoit l'amélioration «du mécanisme de détection et de prévention des comportements inappropriés», un système qui recense les plaintes portées contre ses agents. Actuellement, le dossier d'un agent est envoyé à son superviseur et au commandant de son unité lorsqu'il a fait l'objet de «plus de cinq plaintes dans les 400 derniers jours». À la suite d'une rencontre, les policiers sont suivis pendant de trois à six mois et peuvent faire l'objet de mesures disciplinaires.

En conférence de presse, Marc Parent assure que des mesures disciplinaires ont été prises depuis son arrivée à la tête du SPVM en septembre 2010, essentiellement des «déplacements administratifs». Le chef de police dit être intervenu personnellement dans une unité après avoir eu vent de propos racistes.

Formation et colloques

Le plan de 46 pages présenté hier prévoit avant tout de la formation et l'organisation de colloques. Il invite les policiers à se rapprocher de leur communauté. La politique précise que la lutte contre le profilage racial passe par l'embauche de plus de policiers issus des minorités ethniques. Pour l'heure, ceux-ci comptent pour 11% des effectifs. En comparaison, près de 20% des employés de la Société de transport de Montréal proviennent des minorités.

Les deux partis de l'opposition ont applaudi l'annonce de la politique contre le profilage racial. Seule ombre au tableau, Louise Harel estime que son lancement aurait eu plus de crédibilité si la Commission des droits de la personne avait été invitée à participer à la conférence de presse.

La Presse a publié cette semaine une série de reportages qui font état des nombreuses «vérifications au hasard», dont un jeune homme, Jeff Cléophat, est l'objet.

Un rapport publié en 2010 souligne que les contrôles d'identité ont augmenté de 60% entre 2001 et 2007 à Montréal. La hausse est plus importante encore à Montréal-Nord (125%) et à Saint-Michel (91%), surtout à l'endroit des Noirs.