Le gouvernement fédéral souhaite écourter le plus possible l'évaluation environnementale sur la construction du futur pont Champlain. Le ministre fédéral des Transports, Denis Lebel, ferme également la porte à tout débat sur l'implantation du péage pour en financer la construction.

Ottawa lancera demain un appel d'offres pour mandater une firme pour l'étude des impacts environnementaux du remplacement du pont Champlain. Loin des trois années d'abord annoncées, les consultants auront seulement deux ans pour remettre leur rapport final. Le ministre Lebel espère même voir le processus bouclé en 18 mois.

Déjà, plusieurs contraintes environnementales ont été relevées dans l'étude de préfaisabilité du consortium BCDE. Le futur pont traverse en effet deux sites archéologiques, des sites de frai pour quelques espèces de poisson et un refuge d'oiseaux migrateurs.

L'administration Tremblay voit d'un bon oeil l'empressement affiché dimanche par Ottawa. «Lorsqu'on connaît le fonctionnement des machines [administratives], que le ministre ait fait une annonce le 5 octobre après une élection en mai et qu'il revienne en janvier dire qu'on entame le processus d'évaluation environnementale, j'ai tendance à voir ça positivement», a indiqué Richard Deschamps, responsable des infrastructures au comité exécutif de Montréal.

Le président de l'Association du camionnage du Québec (ACQ), Marc Cadieux, s'est dit satisfait du lancement du processus d'études environnementales, «une première étape importante». Il a dit souhaiter que le reste du projet procède avec célérité afin que la construction d'un nouveau pont prenne moins que les 10 années prévues, en raison de l'état du pont actuel et de l'importance économique de ce lien entre Montréal et la Rive-Sud.

Pas de débat sur le péage

Le ministre des Transports a par ailleurs fermé la porte à tout débat sur l'implantation du péage sur le futur pont, tournant en ridicule la rencontre organisée samedi par le Nouveau Parti démocratique sur le sujet. Plusieurs des quelque 200 citoyens présents se sont opposés à la tarification des passages. «Une heure et demie dans une salle communautaire pour un dossier aussi important, notre rigueur est beaucoup plus grande. L'équipe de travail, c'est cinq ou six rencontres par semaine avec des gens sérieux. [...] On va laisser le NPD faire de la politique, nous on va faire de l'économie et on va livrer un pont», a déclaré M. Lebel.

Reste que le sujet inquiète sur la Rive-Sud. La Ville de Longueuil craint de voir le péage alourdir la circulation sur les autres ponts, a indiqué Catherine Bérubé, attachée de presse de la mairesse Caroline St-Hilaire. «Pourquoi faire payer aux gens ce qu'ils ne payaient pas avant», se demande quant à lui Jamie Nicholls, porte-parole adjoint en matière de transport au NPD.

- Avec la collaboration de Bruno Bisson