La STM veut se tourner vers les automobilistes pour financer les ambitieux projets de transports collectifs de la région métropolitaine. La société de transport réclame le retour du péage... et demande que 50% des recettes soient consacrées aux transports en commun.

La Société de transport de Montréal demande au gouvernement du Québec d'augmenter les sommes destinées à financer les transports en commun et préconise «la participation accrue des automobilistes», au moyen notamment de la taxe sur l'essence et du péage routier.

Dans un mémoire présenté la semaine dernière au ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, dans le cadre de ses consultations prébudgétaires, la STM estime «que le gouvernement du Québec doit se doter d'une orientation visant à encadrer et à encourager la mise en place d'un péage sur le réseau routier».

«Un tel réseau de péage permettrait de générer à moyen terme de nouveaux revenus pouvant être dédiés au maintien du réseau routier et du transport collectif, de même qu'au développement du réseau de transport collectif métropolitain. La STM considère que 50% des sommes recueillies devraient être allouées au transport collectif de la région de Montréal», indique le document.

La STM ne fait pas de propositions précises quant au type de péage, aux tarifs ou au territoire qui devrait être inclus dans une zone de péage. Elle formule toutefois ses recommandations dans le contexte plus large «de l'implantation des péages sur les autoroutes 25 et 30 et d'un péage possible sur le nouveau pont Champlain».

Records d'affluence

Plusieurs sociétés de transports collectifs du Québec ont enregistré des records historiques d'affluence l'an dernier. La STM a dépassé le cap des 400 millions de passagers. À partir de 2020, elle a bon espoir de réaliser 540 millions de déplacements par année.

Pour ce faire, la société prévoit à elle seule des investissements de près de 12 milliards sur 10 ans. Si les programmes de financement du gouvernement devaient rester les mêmes au cours de cette période, la STM accuserait dès cette année un manque à gagner de 64 millions.

À mesure que son plan serait mis en oeuvre, ce manque à gagner pourrait atteindre 262 millions en 2020.

«Les exercices de comparaison traitant des sources de financement indiquent que les provinces canadiennes font davantage appel aux automobilistes qu'aux municipalités pour financer le transport collectif», affirme le mémoire de la STM.

Automobilistes

«La STM, poursuit le mémoire, préconise la participation accrue des automobilistes de la région de Montréal, en ayant recours notamment à la taxe sur l'essence, la taxe sur le stationnement, les droits d'immatriculation, ou encore, des péages étendus sur l'ensemble du territoire métropolitain.»

À court terme, la STM estime qu'il sera plus simple de recourir à la taxe sur l'essence afin d'augmenter les fonds destinés au financement des services. Elle recommande donc à Québec de hausser la taxe sur l'essence de 0,5 cent le litre dès cette année et de prévoir des hausses progressives pour atteindre 5 cents le litre à la fin de la décennie.

En 2020, «la part versée à la STM serait de 110 millions», selon le mémoire soumis au ministre des Finances.

La STM estime enfin que la «Politique québécoise du transport collectif», adoptée en 2006 par le gouvernement Charest, a joué un rôle primordial dans l'essor récent des transports en commun. Cette politique, qui est arrivée à terme, prévoyait des fonds de 130 millions par année pour éponger le coût de l'augmentation des services.

La STM recommande de reconduire cette politique et d'augmenter ces subventions à 200 millions par année d'ici à 2020.