L'enquête de la Sûreté du Québec (SQ) sur les fuites journalistiques dans l'affaire Ian Davidson n'en finit plus de faire des vagues.

C'est au tour des policiers de Montréal de monter au front pour accuser le directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) de «jeter le discrédit» sur le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

En entrevue à La Presse, Yves Francoeur cache mal sa frustration et sa colère en voyant arriver les enquêteurs de la SQ: «Au lieu de faire cette demande d'enquête très inusitée, le DPCP devrait d'abord regarder dans sa cour, lui qui a décidé de ne pas bouger lorsqu'est venu le temps de porter des accusations contre Ian Davidson. Dès que le problème a été connu, nos enquêteurs ont fait leur travail. Ils ont bâti la preuve avec toutes les ressources nécessaires, filatures et écoutes électroniques.»

Le leader syndical ne comprend pas non plus pourquoi le DPCP n'a pas téléphoné à la direction de la police de Montréal pour s'informer des mécanismes mis en place afin d'éviter la répétition de telles situations, plutôt que de mandater la SQ et de se lancer dans «une chasse aux sorcières envers des journalistes».

A-t-il connaissance de cas de policiers qui auraient déjà été interpellés ou interrogés par leurs collègues de la SQ? «Pas à ma connaissance, dit Yves Francoeur. Mais si cela se présente, on recommande à nos membres de communiquer d'abord sans délai avec nous avant de faire quoi que ce soit.»

Ce seraient des policiers des affaires internes de la SQ, non syndiqués et fonctionnant en vase clos, et dirigés par un ancien responsable de la lutte contre le terrorisme qui seraient saisis de ce dossier, a-t-on appris par ailleurs.

Un logiciel refusé

Sur le fond, Yves Francoeur a la «conviction» que Davidson est un cas isolé, «la seule pomme pourrie dans l'organisation». «Ce qui me fâche, ajoute-t-il, c'est que cette affaire découle en partie d'économies de bouts de chandelle.» Il révèle que l'ancienne direction - d'Yvan Delorme - aurait refusé d'acheter un logiciel sûr de gestion des sources en raison de son coût (180 000$ environ). «Ils ont choisi de confier ce travail à un informaticien. Le problème est que toute cette information sensible était concentrée à son niveau.»

Au bureau du DPCP, même si on s'abstient de commenter la situation en raison de l'enquête en cours, on réfute les propos d'Yves Francoeur.»Nous n'avons jamais reçu de demande d'intenter des poursuites [contre Ian Davidson], car l'enquête du SPVM était encore en cours», réplique Me André Verret.