Après quatre ans de refus, le Plateau-Mont-Royal déneigera ses pistes cyclables l'an prochain.

Par une savoureuse ironie, le «réseau blanc», annoncé en grande pompe en 2008, deviendra finalement réalité grâce à l'hiver exceptionnellement doux cette année, a expliqué le maire de l'arrondissement, Luc Ferrandez. En réponse aux critiques d'un cycliste mécontent faites lors d'une séance du conseil municipal, il a fait cette annonce lundi soir. Elle est passée inaperçue.

«Comme vous le voyez, cette année, on a peu de neige, ce qui va nous permettre d'engranger des surplus, a-t-il précisé. L'an prochain, je suis confiant qu'on va pouvoir déneiger notre partie du réseau cyclable. Je suis très confiant qu'en 2012, on va avoir un réseau blanc nord-sud et est-ouest déneigé, en particulier sur le Plateau-Mont-Royal.»

Déneiger sa part des 42 km de pistes cyclables du réseau d'hiver - essentiellement dans les rues Rachel et Cherrier- coûterait 135 000$ à l'arrondissement du Plateau. «Nous ne les avons pas», a tranché le maire. Les deux autres arrondissements que traverse le réseau blanc, Ville-Marie et Rosemont-La Petite-Patrie, confirment avoir toujours déneigé leurs tronçons.

Pas de sel dans les parcs

Selon le maire Ferrandez, le réseau blanc tel que conçu par la Ville de Montréal est une «fiction», car aucun axe nord-sud n'est possible actuellement. «Cet axe disparaît parce que c'est la rue Brébeuf qui sert de piste cyclable, et on ne peut la maintenir en hiver», a-t-il affirmé à la séance du conseil municipal. De plus, cet axe passe par deux parcs, Laurier et La Fontaine. Pour rendre ces segments sûrs, il faut absolument utiliser des abrasifs. «Il est hors de question de mettre du sel dans un parc. J'ai demandé si on pouvait déneiger la piste cyclable sans mettre de sel, le contentieux nous a répondu non. À partir du moment où la piste est déclarée ouverte, il faut qu'elle soit sécuritaire.»

L'arrondissement planche actuellement sur un changement de trajet, qui ferait en sorte que la piste cyclable passerait en bordure des parcs. Les élus de Projet Montréal ont par ailleurs souvent évoqué l'aménagement d'une piste cyclable sur la rue De La Roche, qui offrirait une solution de rechange à celle de la rue Brébeuf.

La présidente de Vélo Québec, Suzanne Lareau, voit dans l'annonce de l'arrondissement «une très bonne nouvelle», mais s'étonne du peu d'empressement de l'administration Ferrandez. «Quarante-deux kilomètres de pistes cyclables, c'est à peine 1% des trottoirs à Montréal. Qu'on ne me dise pas que c'est exagéré de déneiger ça.» Elle rappelle que seulement le tiers du réseau blanc est en site propre, le reste étant composé de bandes cyclables qui peuvent être déneigées en même temps que la chaussée.

Ce n'est pas la première fois que le maire Ferrandez promet d'entretenir sa portion de réseau blanc. Il avait fait miroiter le même engagement sur Facebook en décembre 2010. «Quand on va lancer le réseau blanc sur le Plateau (sans doute l'an prochain), ce sera significatif et sécuritaire - pas juste un concept pour faire cool, comme c'est le cas actuellement», avait-il écrit. Dans l'entourage du maire, on explique que cet engagement n'a pu être tenu en raison des défis budgétaires - notamment le gel des dotations - auxquels a dû faire face le Plateau cette année.