Il ne manque pas grand-chose à Montréal pour arriver à devenir aussi animé qu'Austin durant la période des festivals. «Il faut juste apprendre à vivre avec les plaintes», lance le président du Festival Juste pour rire, Gilbert Rozon, qui en est à sa première visite au festival South by Southwest ou SXSW (son équipe, elle, y vient depuis plusieurs années).

Montréal serait-il capable d'assumer un événement de l'ampleur de SXSW avec tout ce que cela comporte de chaos, de bruit et d'imprévu (et pourtant, Montréal est une plus grande ville qu'Austin qui compte environ 800 000 habitants)? «Il faut apprendre à ne pas plaire à tout le monde, sinon, on vise toujours le plus petit dénominateur commun», croit M. Rozon.

«Ce qui me frappe ici, c'est l'abondance, la concentration des événements et l'ambition de SXSW, poursuit-il. C'est gros, très gros. Les restos débordent, les bars débordent, il y a des gens partout. On est capables de faire la même chose à Montréal, mais, pour ça, il faut avoir l'ambition. Il n'y a jamais personne qui est venu me dire: Gilbert, pourquoi tu ne doubles pas ton festival? Je le ferais. Qu'y a-t-il de mal à vouloir grossir? Je le dis souvent aux autres festivals: si on n'évolue pas, on fait partie des meubles.»

Mondial du jeu vidéo

Le patron de Juste pour rire a toujours défendu l'idée de tenir plusieurs événements simultanément pour créer une masse critique dans la métropole durant la saison estivale. Aux nombreux festivals qui ont lieu au mois de juillet, Gilbert Rozon va donc ajouter un mondial du jeu vidéo qui sera axé sur les consommateurs. Le premier aura lieu en 2013 au Palais des congrès.

Il existe toutefois déjà un événement semblable dans la métropole, le Sommet international du jeu de Montréal, organisé par l'Alliance numérique dans le cadre de l'événement DGTL Montréal. Le prochain doit avoir lieu les 13 et 14 novembre prochains. Pourquoi ne pas simplement déménager cet événement l'été? «Nous regroupons plusieurs événements dans le cadre du festival numérique de Montréal et l'un d'entre eux comporte un volet formation qui serait impossible à tenir l'été, explique Pierre Proulx, directeur général de l'Alliance, présent, lui aussi, à Austin. Montréal est une mecque du jeu. Il n'y a aucun doute là-dessus, mais le problème avec les salons de jeu axé sur les consommateurs, c'est que ça coûte très cher. Nos membres n'ont pas les moyens.»

Et la politique?

Depuis quelques années, on prête des ambitions politiques à Gilbert Rozon que plusieurs verraient bien à la mairie de Montréal.

«C'est sûr que si on était à New York et que je pouvais continuer ma business tout en étant maire, dans le même bureau comme le fait Bloomberg, je me lancerais, répond le principal intéressé. Mais là, ce serait trop compliqué de transférer mes affaires, cela prendrait trop de temps.»

Le président de Juste pour rire a peut-être mis ses rêves de diriger Montréal de côté, mais il dit avoir toujours envie de servir Montréal.

«J'ai été très dur avec ma ville au cours des dernières années, je pense avoir dit ce que j'avais à dire. Maintenant, je veux servir et il y a d'autres façons de le faire qu'en faisant de la politique. J'ai beaucoup aimé diriger le groupe de réflexion sur l'industrie touristique du Québec. Maintenant, j'espère qu'on aura une reconnaissance dans le prochain budget du gouvernement. Des mandats comme ceux-là, c'est aussi une façon pour moi de servir ma ville.»