Trop lourds et rapides, les scooters devraient être bannis des pistes cyclables de Montréal. Les cyclistes, eux, devraient pouvoir rouler à contresens dans certaines rues locales et accéder à des voies actuellement réservées aux autobus et aux taxis.

Au total, ce sont 15 recommandations unanimes pour un partage sécuritaire du réseau cyclable, dont certaines plutôt audacieuses, que la Commission sur le transport et les travaux publics a rendues publiques hier soir. Elles devront être approuvées par le comité exécutif, puis par le conseil municipal dans les prochaines semaines.

«Avec le résultat de nos travaux, je suis convaincu qu'on va pouvoir faire un bout de chemin, estime Luis Miranda, président de la Commission. On est vraiment arrivés à un consensus pour mieux cohabiter, pour que tout le monde ait sa place sur le réseau.»

Après trois séances de consultation l'automne dernier, qui ont permis une cinquantaine d'interventions et le dépôt de 26 mémoires, la commission a suggéré plusieurs solutions à la saturation du réseau cyclable. Les 535 km de pistes ont connu une hausse de fréquentation de 40% entre 2008 et 2010, selon une étude de l'Université McGill. Une enquête de l'Agence métropolitaine de transport (AMT) a révélé que le nombre de déplacements quotidiens en vélo était de 75 600 en 2008.

Au plus fort de sa popularité, une piste comme celle à l'angle des rues de Brébeuf et Rachel peut accueillir 10 000 cyclistes en une journée.

Exit les scooters

La commission a établi d'entrée de jeu que seulement trois groupes, en plus des vélos, devraient avoir accès aux pistes: les patins à roues alignées, les aides à la mobilité motorisée comme les fauteuils roulants électriques et les bicyclettes à assistance électrique.

Les scooters, dont le poids peut atteindre 105 kg et qui peuvent rouler jusqu'à 45 km/h, sont jugés incompatibles avec les autres usagers. Quant aux joggeurs, aux marcheurs ou aux adeptes de la planche à roulettes, ils sont «trop lents» pour accéder en toute sécurité au réseau, explique-t-on à la Commission.

Pour appliquer la réglementation, on demande à Transports Canada de modifier ses critères pour que le scooter ne soit plus assimilé à un vélo électrique.

Consciente que le fait de rouler à contresens dans les rues locales est une habitude bien ancrée chez plusieurs cyclistes, la Commission y va d'une recommandation osée: en légaliser la pratique. «Il s'agit de baliser une pratique existante, pour la sécurité de tous, explique Alex Norris, membre de la commission et élu de Projet Montréal. Tout le monde le fait, les contraventions sont quasiment inexistantes.»

Afin de préserver la quiétude des piétons, on demande que les pistes cyclables de transit contournent dorénavant les parcs - Laurier et La Fontaine étant particulièrement visés.

Comme l'ont fait «plusieurs villes européennes et américaines», précise la Commission dans son rapport, on suggère de permettre aux vélos de circuler sur certaines voies réservées aux autobus et aux taxis. Des projets pilotes devront d'abord être lancés par la Société de transport de Montréal.

Plusieurs recommandations touchent par ailleurs la nécessité de campagnes de prévention, de collecte d'informations sur la pratique du cyclisme et les accidents et de la mise sur pied d'un comité permanent à la Ville sur ces sujets. On propose également de créer en ville des «zones de rencontre», où cyclistes, piétons et automobilistes peuvent «cohabiter de manière harmonieuse».