Montréal examinera la portée de la loi encadrant Air Canada pour évaluer ses recours juridiques dans le but de contrer la perte de 1800 emplois due à la fermeture d'Aveos. «Surprise» et «très préoccupée», l'administration Tremblay souhaite rencontrer d'urgence le fiduciaire de l'entreprise s'étant placée sous la protection des tribunaux.

Le maire Gérald Tremblay a demandé lundi au service du contentieux de la Ville de passer en revue la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada. Le document oblige depuis 1988 le transporteur «à maintenir les centres d'entretien et de révision dans les villes de Winnipeg et Mississauga et dans la Communauté urbaine de Montréal».

Les avocats de Montréal étudieront également un jugement de la Cour supérieure de l'Ontario, datant de mai 2011, dans lequel un syndicat avait tenté d'invoquer ces obligations pour empêcher la sous-traitance de l'entretien à Aveos. Le juge avait conclu qu'Air Canada respectait toujours la loi puisque, même s'il s'est départi d'une importante partie de la maintenance de ses avions, le transporteur a encore plus de 1600 employés de maintenance, dont 663 à Montréal.

Le maire refuse toutefois d'intenter immédiatement une poursuite contre Air Canada pour forcer le maintien des 1800 emplois à Montréal, comme le propose le chef de la deuxième opposition à l'hôtel de ville, Richard Bergeron. «Ce serait prématuré d'aller plus loin. Avant de poursuivre un partenaire aussi important, assurez-vous qu'on va bien réfléchir», estime M. Tremblay.

Les deux partis de l'opposition, Vision Montréal et Projet Montréal, ont invité lundi l'administration Tremblay à s'adresser aux tribunaux pour rappeler le transporteur à ses obligations. «Air Canada ne peut jouer à Ponce Pilate, prévient Louise Harel, chef de Vision Montréal. Ce n'est pas parce qu'Aveos ferme ses portes que le transporteur aérien est libéré de ses obligations.»

Pour l'heure, le maire veut rencontrer les représentants de l'entreprise ayant repris les actifs d'Aveos, une société du Luxembourg dont les actionnaires sont Lehman Brothers et Citibank.

Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, dénonce les pertes d'emplois successives qu'Air Canada a infligées à la métropole - la huitième selon son évaluation. «Quand met-on le poing sur la table? Qu'on dit "Assez, c'est assez"? Il y a des limites.»