Les coûts de mise à niveau des feux de signalisation de Montréal explosent. Le total touché par les firmes de génie a augmenté de 29% et risque de gonfler d'encore 25%. La Ville reconnaît qu'elle a mal évalué l'ampleur de la tâche, principalement dans les arrondissements fusionnés en 2001.

Montréal avait prévu en 2008 que la mise à niveau des feux prendrait fin en décembre 2012. L'automne dernier, la Ville a toutefois constaté qu'à peine la moitié du travail était fait alors que 80% des fonds prévus étaient déjà dépensés. «Les travaux d'ingénierie ont débuté depuis maintenant trois ans et aucun des trois contractants ne sera en mesure de compléter, à même les crédits autorisés, l'ensemble des livrables prévus», a constaté la Ville.

Lundi prochain, les élus de Montréal seront donc appelés à prolonger le chantier de deux ans et à ajouter 3,1 millions de dollars aux sommes accordées aux trois consortiums qui ont décroché ces contrats. Ceux-ci toucheront donc 13,8 millions pour les plans et devis de la réfection des feux de quelque 1200 intersections de la métropole, en hausse de 30%. Cela revient à 11 500$ par intersection.

L'augmentation des coûts ne s'arrête pas là puisque les contrats prévoyaient au départ que les firmes de génie se chargeraient de la surveillance des travaux. Or, devant l'augmentation des coûts, la Ville leur a retiré ce mandat pour maximiser les fonds disponibles pour la réalisation des plans et devis.

Ce seul volet de surveillance représente 25% des coûts des services professionnels, précise un document envoyé aux élus. Montréal affirme ne pas encore avoir décidé si ce travail, incontournable, sera réalisé par des fonctionnaires municipaux ou si de nouveaux contrats seront confiés au privé.

Mauvaise estimation

Pour expliquer l'augmentation des coûts, la Ville explique avoir d'abord fait une «estimation basée sur l'expérience des neuf arrondissements de l'ex-Montréal». Or, si les feux de l'ancienne ville de Montréal étaient tous semblables, il en est tout autrement des 10 arrondissements qui y ont été annexés en 2001.

Dans le document envoyé aux élus, la Ville reconnaît que l'ampleur des travaux a été «nettement sous-estimée» puisque les équipements y sont «plus diversifiés qu'il n'y paraissait à première vue». De plus, plusieurs anciennes villes n'avaient aucun plan de leurs feux de signalisation ou n'ont pu les retrouver. Certaines anciennes villes ont posé plus de problèmes que d'autres, comme Saint-Laurent, où tant l'électricien que l'ingénieur qui s'occupaient des feux n'étaient plus disponibles pour répondre aux questions.

En plus de moderniser ses feux, Montréal profite de ces travaux pour ajouter des minuteries aux feux piétons ainsi que des signaux sonores dans les secteurs où vivent des personnes ayant des problèmes de vision.

Pour éviter de mauvaises surprises à l'avenir, la Ville a décidé d'uniformiser les feux de signalisation dans les arrondissements issus des anciennes villes.