Il y a quelques jours a eu lieu l'un des plus beaux spectacles en plein air jamais donnés aux FrancoFolies de Montréal : Poussières d'étoiles avec les Colocs, avec les musiciens du groupe, un tas d'amis chanteurs (Marc Déry, Martin Léon, Sébastien Ricard, etc.) et quelque 60 000 spectateurs heureux!

Celui qui a conçu ce spectacle, c'est Mike Sawatzky, guitariste, harmoniciste, compositeur et l'un des membres fondateurs des Colocs. C'est pour la qualité de ce spectacle, pour son talent de musicien et de compositeur doué, mais aussi pour son courage quotidien et son incroyable résilience que La Presse et Radio-Canada nomment Mike Sawatzky Personnalité de la semaine.

 

«Sais-tu une des choses qui m'ont fait le plus plaisir pendant le spectacle Poussières d'étoiles? lance Mike Sawatzky dans le restaurant où a lieu l'interview. C'est que Gilles Duceppe, que j'avais rencontré à la Saint-Jean et que j'avais invité à venir voir notre show, soit venu. C'est que le petit Amérindien de l'Ouest canadien que je suis ait réussi à devenir ami avec le chef du Bloc québécois. Je pense que ça bouclait vraiment la boucle. Une des choses que j'aimerais le plus être, c'est être québécois!»

Il n'y a qu'un Coloc pour vous lancer des choses de ce genre. Tribu dysfonctionnelle formée de gens venus de partout - du Saguenay (André Fortin), de la Saskatchewan (Mike Sawatzky), de la France (le très regretté harmoniciste Patrick Esposito), de la Belgique (le bassiste Vander), du Sénégal (les frères Diouf), etc. - le groupe a été une poutine musicale explosive.

Cette poutine délicieuse entre toutes, c'est elle qui était au rendez-vous lors du spectacle Poussières d'étoiles, présenté aux FrancoFolies, repris vendredi passé à Beloeil et qui sera radiodiffusé le 4 septembre prochain sur Espace Musique.

Si le spectacle a été à ce point réussi et lumineux, c'est que Mike Sawatzky veillait au grain, à titre de concepteur: «Mon idée, ce n'était pas qu'on fasse un hommage à Dédé ou aux Colocs, mais que les Colocs fassent un geste pour que le public ait une autre image que le suicide, le sombre, la brume... Oups, je choisis mal mes mots», dit-il en riant. Il fait bien sûr référence au récent film Dédé à travers les brumes, de Jean-Philippe Duval.

Mais ce qu'il veut dire, c'est que ce spectacle était une façon pour tous de faire le deuil et de vivre, vivre au présent. Car le passé n'a pas été très facile pour Mike Sawatzky. Amérindien de la nation des Cris, il a été adopté par une famille blanche en Saskatchewan. Enfance et adolescence difficiles, problèmes d'alcool, délinquance, bref, il s'est retrouvé à Montréal en 1990: «Je m'étais donné une année pour devenir musicien professionnel, sinon j'avais décidé que je deviendrais chef cuisinier!» Il est plutôt devenu chef musicien en rencontrant Pat Esposito et Dédé Fortin, qui allaient donner naissance aux Colocs en 1991.

Seulement, le succès du groupe a été fulgurant au point de bouleverser leur quotidien. Et puis Patrick Esposito est mort du sida en 1994. Et puis Mike a eu un grave accident d'automobile qui aurait pu lui coûter la vie ou le laisser paraplégique en 1996. Et puis Dédé s'est suicidé en mai 2000. Et puis l'alcool a repris ses droits... Durant ce temps, Mike Sawatzky, âgé aujourd'hui de 40 ans, a élevé ses deux filles, âgées de 13 et 10 ans, avec sa blonde de toujours, Cindy. «C'est avec l'aide de Cindy et de mes amis que je suis peu à peu sorti de l'espèce de retraite où j'étais. Alors, j'ai fait réparer tous mes instruments. J'ai modernisé mon studio. Là, je réalise deux albums, je compose toujours, je vais faire partie d'un spectacle avec des guitaristes...»

Et il a arrangé et réalisé la chanson inédite des Colocs intitulée La comète, lancée il y a quelques jours et bien reçue partout: «Je trouve qu'on y entend tous les Colocs, conclut Mike Sawatzky, avec la voix de Dédé tout seul, puis ma guitare, l'harmonica, ensuite les cuivres, les frères Diouf... C'est notre histoire en quatre minutes.» Et en musique, avant tout.

Mon idée, ce n'était pas qu'on fasse un hommage à Dédé ou aux Colocs, mais que les Colocs fassent un geste pour que le public ait une autre image que le suicide, le sombre, la brume...