C'était la première présentation. Et c'est complètement réussi. Montréal complètement cirque a séduit plus de 50 000 festivaliers du 8 au 25 juillet. La chaleur moite de la ville n'a pas empêché clowns et acrobates d'afficher leurs talents, parfois de manière surprenante et totalement nouvelle. Des talents multiples qui font foi d'une créativité illimitée, dans une forme d'art pratiquée depuis la nuit des temps. Et qui, chaque fois, nous réconcilie avec la vie, par le rêve et le rire.

On en parlait depuis longtemps. Le milieu du cirque à Montréal en voulait un. Les artistes en voulaient un. À la Tohu aussi. Et à force d'en parler, tout le monde en voulait un. Un festival rassembleur et festif à offrir aux Montréalais, aux visiteurs, aux grandes personnes et aux enfants. Le projet a finalement vu le jour, lancé par la Tohu, appuyé par de multiples complices de la ville, des gouvernements, des organismes qui ont travaillé ensemble, des partenaires indispensables dont La Presse et Radio-Canada, pour ne nommer que ceux-là. Mais pour attacher solidement les fils entre chacun d'eux, entre chacune des compagnies de cirque, nationales et internationales, il a fallu que la Tohu affirme son leadership.

Pour ce projet réussi haut la main, La Presse et Radio-Canada décernent à ses principaux artisans, Gaétan Morency, président fondateur, Stéphane Lavoie, directeur général, et Nadine Marchand, directrice de projet, tous de la Tohu, le titre de Personnalité de la semaine.

Sous le grand chapiteau

C'est le ciel de Montréal, avec la lune et les étoiles, qui a été le grand chapiteau. L'une des émotions principales des artisans du festival vient de ce qu'il faut croire en ses rêves, car ils deviennent réalité pour peu que l'on y mette son savoir-faire et son énergie.

«La Tohu, dit son président, a permis de créer une synergie entre toutes les personnes associées au cirque.»

«Ce qui était au surplus naturel, ajoute son directeur général, est que le festival a constitué en quelque sorte une extension de notre programmation.»

Et Nadine Marchand, qui a assuré la direction du projet, s'est enthousiasmée spontanément à l'idée «de construire un projet à partir de zéro, de monter une équipe, d'arriver à faire un festival éclaté pour que la ville devienne complètement cirque».

La manifestation a été un tel succès que le financement du festival est assuré pour les trois prochaines années.

L'initiative a permis aux festivaliers de découvrir au Vieux-Port, à la Tohu, au Quartier des spectacles, à l'Usine C, au Lion d'or, à l'Olympia, à l'Espace Go, à la salle Pauline-Julien et à la gare Dalhousie, dans les quartiers Hochelaga-Maisonneuve, Saint-Michel et Verdun, des fous complets sur une corde raide, des corps à la limite du possible, des jongleurs inspirés, des drôles de zigotos, des producteurs de rêves et de rires, venus d'ici et d'ailleurs. Sept pays présents avec leurs clowns et leurs jongleurs, leurs mises en scène originales, dont l'Allemagne, l'Australie, la Belgique, le Canada d'un océan à l'autre, l'Espagne et le pays de Galles.

Lieu rassembleur

Les artistes ont envahi les rues, les places. Ils étaient du Cirque Éloize, des 7 doigts de la main et de plusieurs autres troupes; il y a aussi eu une participation d'encouragement du Cirque du Soleil. On a eu droit à des surprises inattendues, des apparitions, disparitions, etc.

Les arts du cirque ont désormais pignon sur rue. Les artistes en devenir, ceux qui ont la vocation, selon les experts, auront du travail, surtout à Montréal.

Quant au reste du monde, les gens du cirque vont savoir qu'il y a un lieu, Montréal, où ils pourront se faire connaître hors des murs de leur continent. «Déjà, les demandes affluent», dit Stéphane Lavoie. Et la directrice du projet, Nadine Marchand, ne se repose pas sur ses lauriers: «J'ai déjà de nombreuses idées en tête pour l'an prochain», assure-t-elle.

Au départ, quelques personnes visionnaires, en plus de celles de la Tohu, ont cru au festival. Elles ont cru à son rôle de rassembleur et de brillante vitrine, tous feux de la rampe allumés, qui témoigne de la force créatrice de la ville.

Une autre émotion forte issue de cette grande aventure, un sentiment unanime chez les organisateurs: «Nous nous sommes sentis désirés. L'accueil a été extraordinaire. Tout le monde a été épaté de cette audace. Le projet a créé l'adhésion du milieu. Et surtout on a fait confiance à l'équipe de la Tohu», soulignent-ils fièrement.

Le directeur général Stéphane Lavoie tient tout de même à rappeler que la Tohu poursuit sa mission et sa programmation habituelle et nous invite tous en septembre à nous réunir sous le grand chapiteau fixe, point d'ancrage d'une marmite en ébullition.

«L'été prochain, pensez-y et prenez vos vacances à une autre période de l'été pour ne pas rater le festival», conseillent les trois artisans de la Tohu.