C'est le 10e anniversaire cette année du Centre des sciences de Montréal. L'institution toute jeune, installée en plein coeur du Vieux-Port, ravit les Montréalais et les visiteurs de l'étranger par la diversité de ses expositions et par son dynamisme. Déjà 6 millions de visiteurs ont franchi ses portes. Sa valeur, sa portée pédagogique, son rôle essentiel dans la culture de notre communauté ont été soulignés par 11 prix prestigieux.

Claude Benoit, actuelle présidente et chef de la direction de la Société du Vieux-Port de Montréal, a fondé le Centre des sciences. Mais elle a fait plus que le mettre au monde. Elle l'a soutenu dans ses premières années et lui apporte constamment, en compagnie d'une équipe chevronnée, des attraits nouveaux. Pour ce dévouement total, cette vision et cette passion, La Presse et Radio-Canada lui décernent le titre de Personnalité de la semaine.

La science: un autre regard

Le public qui visite le Centre des sciences est sa première préoccupation. Comment le séduire, l'approcher, l'accrocher? Mme Benoit est une pédagogue. Elle ne se contente pas de transmettre la matière; d'abord et avant tout, elle veut donner le goût d'apprendre, d'aimer et d'aller plus loin dans le domaine qu'elle privilégie: les sciences.

Biologiste de formation, elle raconte que la piqûre personnelle pour les sciences lui est venue à l'adolescence, lors de la dissection d'un rat. Cette première expérience pratique a constitué le choc nécessaire à l'orientation de sa vie. Elle a vécu cette découverte comme une incursion concrète dans la face cachée de la vie et de la mort.

«Je suis devenue passionnée du cerveau, de l'organisme, de la physiologie humaine.» À la fin de ses études universitaires en biologie, elle a fait quelques expériences d'enseignement formel, notamment à Amos durant trois ans. «Un pur bonheur!» Il lui est cependant venu l'idée qu'il devait y avoir une autre approche, plus dynamique, plus concrète, d'enseigner la biologie aux jeunes. «Tous les élèves n'ont pas le même rythme d'apprentissage. On doit en être conscient et mettre au point des jeux de stratégie, des jeux intelligents, les accompagner, leur montrer le plaisir qu'il y a à apprendre. Et apprendre en faisant. C'est un beau défi!»

Parlant de défis à relever, cette part de sa personnalité se révèle tôt dans sa vie. Pour tout dire, les obstacles l'enchantent. Elle invente des solutions sur le tas, dans le vif du sujet. Son leadership est rassembleur et s'exerce aussi dans les équipes qu'elle dirige. Un leadership qui l'entraîne à diriger des projets d'envergure. Pour mémoire: Québec 84. Avant et après, il y en aurait trop à énumérer. «Je suis engagée et responsable. On a à rendre compte au public de nos initiatives. Si je suis en avant parce que j'aime l'action, je demande à mes équipes de se surpasser. On n'a pas droit à l'erreur.»

Qui nous sommes

Un lieu moderne comme le Centre des sciences de Montréal témoigne de son époque, de son environnement, des gens qui y vivent. «Au-delà de la culture, les gens viennent faire le point. Ils y trouvent ce qui se passe partout, dans leur vie, dans leur ville. C'est un point de chute, une ancre.»

Montréalaise pure laine, née en 1952, Claude Benoit est l'aînée d'une famille de cinq enfants. Une mère enseignante, un père comptable. Pas étonnant alors qu'elle fasse usage des deux hémisphères de son cerveau avec un égal succès. «J'ai une grande énergie, je peux mener trois ou quatre projets en même temps», reconnaît-elle.

Elle va concevoir une exposition, partir à la conquête des décideurs financiers pour assurer son succès. Des millions à gérer. «J'aime vendre une idée et embarquer les entreprises.» Mais les entreprises, c'est aussi le réseau scolaire, les universités, le partenariat stable. «Si on veut que nos produits rayonnent, on ne peut pas travailler seuls.»

Elle a beau avoir visité de nombreux pays, enregistré les points forts de leur culture, admiré leur architecture, le Vieux-Port est encore le plus fort à ses yeux. Des dizaines d'hectares, le fleuve. Montréal est unique en son genre et reste la plus belle ville. «Un lieu où la culture est foisonnante.» Le patrimoine, l'histoire et, bien sûr, les sciences sont des intérêts forts qu'elle canalise concrètement, qui doivent servir les autres le mieux possible. «J'aime les jeunes, j'aime aussi leur famille. Comment adapter un projet pour réunir les générations? Je suis émue quand les uns et les autres sont ensemble autour d'une exposition.» Actuellement, le Centre des sciences présente Sexe: l'expo qui dit tout, qui s'adresse aux adolescents.

Sa perception de la jeunesse actuelle fait du bien au coeur: «Ils sont vibrants, branchés, intuitifs, ouverts. Ils vont aussi voir ailleurs ce qui se passe et entretiennent souvent des relations sociales enrichissantes. C'est rassurant.»

«Je ne serais pas qui je suis, je n'aurais pas fait ce que j'ai fait si je n'avais pas été bien entourée. Je me suis enrichie au contact de ces gens, ils ont donné du sens à ma vie.»