La proportion de jeunes Québécois atteints de diabète a augmenté depuis le début des années 2000, confirme une étude de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) publiée jeudi. Et la fréquence de cette maladie chronique est encore sous-estimée.

« Le diabète est devenu plus prévalent chez les jeunes (1 à 19 ans et surtout chez les 12-19 ans), qui constituent le seul groupe pour lequel l’incidence a augmenté entre 2001 et 2019 », souligne l’INSPQ.

La prévalence du diabète chez les moins de 20 ans est passée de 0,14 % en 2001 à 0,19 % en 2019, précise l’Institut dans son Portrait du diabète dans la population québécoise. Le nombre de nouveaux cas enregistrés est ainsi passé de 340 à 420 par an durant cette période. Ainsi, dans l’année précédant la pandémie, en 2019, le Québec comptait 3265 jeunes diabétiques.

À l’échelle de la population, cela demeure un petit nombre, puisque moins de 1 % des diabétiques québécois ont moins de 20 ans. La tendance n’en est pas moins préoccupante.

Les données utilisées par l’INSPQ n’indiquent pas quelle proportion de la hausse provient de cas de diabète de type 2, largement associé à l’obésité et considéré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un problème « largement évitable ». Ces données montrent toutefois que la prévalence du diabète est restée « plutôt stable » chez les enfants du primaire et d’âge préscolaire, alors qu’elle a augmenté chez les adolescents (hausse de 48 % chez les 12 à 15 ans, et de 54 % chez les 16-19 ans).

Et comme le diabète de type 2 se manifeste plutôt chez les adolescents que chez les enfants, la hausse observée chez les plus vieux pourrait « indiquer indirectement une hausse du diabète de type 2 chez les adolescents, comme observé ailleurs », note l’INSPQ.

De plus, les changements au système de facturation de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) en vigueur depuis 2016, avec lesquels les médecins inscrivent moins de diagnostics « ont probablement contribué à diminuer l’incidence » du diabète dans les données disponibles, pour les jeunes comme pour le reste de la population, note l’Institut.

Le pré-diabète

Ce ne sont pas seulement les cas de diabète qui sont sous-estimés chez les jeunes, mais également les cas de pré-diabète, détectables par la résistance à l’insuline des patients, témoigne la Dre Julie St-Pierre, professeure de pédiatrie à la faculté de médecine de l’Université McGill et directrice de la Maison de santé prévention (MSP) de Montréal.

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La Dre Julie St-Pierre, professeure de pédiatrie à la faculté de médecine de l’Université McGill

On rate un paquet de diabètes qui pourraient, à ce stade, être renversés.

La Dre Julie St-Pierre, pédiatre et lipidologue, en entrevue téléphonique

Une étude qu’elle a menée sur 133 jeunes patients québécois obèses a montré que 68 % d’entre eux (91 patients) présentaient de l’hyperinsulinisme. Pourtant, 70 % de ceux-ci (64 patients) n’avaient pas été testés pour l’hyperinsulinisme lorsqu’ils avaient consulté en première ligne.

La Dre St-Pierre travaille, avec d’autres médecins du Québec et du reste du Canada, à l’élaboration d’un guide de pratique pour la prise en charge des enfants souffrant d’obésité. Ce guide inclurait des marqueurs permettant de détecter les signes précurseurs plus tôt, afin d’éviter que les patients ne se rendent au diabète de type 2, qui occasionne « énormément de perte de qualité de vie ».

Si elle n’est pas bien traitée, la maladie peut entraîner, dans les 15 à 20 ans qui suivent, de multiples problèmes de santé allant jusqu’à la dysfonction érectile, la cécité, l’infarctus, l’accident vasculaire cérébral, l’amputation ou la nécessité d’une greffe du rein, énumère la Dre St-Pierre.

De plus en plus de diabétiques au Québec

Au moins 8,1 % de la population québécoise souffrait de diabète en 2019, une proportion qui a presque doublé en moins de 10 ans (4,3 % en 2001), montrent les données de l’INSPQ. Cette hausse s’explique par un facteur positif (la baisse de la mortalité des personnes diabétiques) et par un facteur démographique (le vieillissement de la population), montre l’étude.

« À 50 ans, il y a quelque chose à faire chez les Québécois pour qu’ils bougent plus, mangent des fruits et légumes, prennent le transport collectif », a toutefois souligné l’une des coauteurs, Claudia Blais, en entrevue téléphonique.

En effet, sur la centaine de nouveaux cas diagnostiqués chaque jour au Québec, 80 % sont détectés chez des personnes de 50 ans et plus. « Et on est sûr qu’à cet âge-là, c’est le type 2 », fait valoir Mme Blais, qui est professeure à la faculté de pharmacie de l’Université Laval.

« D’énormes gains restent encore possibles », souligne l’étude de l’INSPQ, en rappelant que les personnes diabétiques « sont 2,7 fois plus susceptibles d’être hospitalisées que les personnes sans diabète d’âge équivalent ».

Consultez l’étude de l’INSPQ Lisez le résumé de l’étude sur les 133 jeunes (en anglais)
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    Proportion des Québécois de moins de 20 ans atteints de diabète en 2019
    Source : INSPQ, Portrait du diabète dans la population québécoise âgée d’un an et plus de 2001 à 2019, 2022