(Montréal) D’anciens employés de la santé de l’ouest de Montréal ont vu leur récent paiement d’équité salariale refusé par la banque, après que le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal a décidé d’annuler sans préavis aux destinataires près de 500 chèques, dénonce le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ.

Une combinaison de mauvaises adresses postales et des signalements de fraude auraient amené le CIUSSS à prendre cette décision, selon les explications fournies à la section locale 2881 du SCFP, qui représente notamment des préposés aux bénéficiaires, des aides de service et des préposés au service alimentaire.

« On a plusieurs ex-travailleurs qui nous ont appelés, dont un en panique, parce que leur chèque avait rebondi », affirme la présidente par intérim de la section locale, Fanny Demontigny, à La Presse Canadienne.

Certains se sont donc retrouvés avec des frais de chèque sans provision de plusieurs dizaines de dollars.

Une porte-parole du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, Hélène Bergeron-Gamache, a confirmé dans une déclaration écriteque 497 chèques d’équité salariale destinés à d’anciens employés ont dû être annulés.

« Une erreur humaine dans le processus d’envoi nous a obligés à annuler les sommes versées en raison d’un risque élevé de fraude », a-t-elle écrit.

« Une lettre d’information a été envoyée hier à l’ensemble des personnes concernées par cette malheureuse situation. Si des frais bancaires ont été engendrés, ils seront remboursés. Nous mettons en place toutes les mesures nécessaires pour limiter au maximum les impacts de cette situation sur les personnes touchées. Une ligne téléphonique a d’ailleurs été activée pour les accompagner et répondre à leurs questions », a ajouté la porte-parole.

« Nos équipes sont mobilisées et pourront être jointes par téléphone à compter du lundi 11 juillet afin de répondre aux questions de ces anciens employés, confirmer leur identité et leurs coordonnées, et leur transmettre rapidement un nouveau chèque », a aussi fait savoir Mme Bergeron-Gamache.

La somme des chèques, expédiés en juin et qui résultent de l’exercice de maintien de l’équité salariale de 2010, pouvait monter jusqu’à 4000 $ par travailleur, soutient pour sa part Mme Demontigny.

« Je ne peux même pas croire que pour un grand CIUSSS des choses comme ça arrivent, surtout en santé. Les travailleurs sont fatigués et épuisés. Ils ont tout donné durant la pandémie. […] C’est une belle preuve de comment on ne prend pas soin des travailleurs du réseau de la santé », déplore la dirigeante syndicale.

« On veut qu’un deuxième chèque leur soit envoyé le plus rapidement possible. Ce qu’on demande aussi, ce sont des excuses dans une lettre. C’est inacceptable », affirme Mme Demontigny.

Selon le syndicat, ce « nouveau cafouillage » s’ajoute à d’autres erreurs qui ont touché la paie ces derniers mois et aux différents retards de paiement découlant de la conclusion de la dernière convention collective.

Pénurie de main-d’œuvre : « de pire en pire »

La situation survient alors que la pénurie de main-d’œuvre s’est aggravée depuis le début de l’été dans plusieurs établissements du CIUSSS de l’Ouest-de-l’île-de-Montréal, s’inquiète le SCFP qui réclame des incitatifs pour retenir et embaucher du personnel.

« C’est de pire en pire », expose Mme Demontigny.

Les deux derniers longs week-ends ont été « particulièrement pénibles » avec, entre autres, des préposés aux bénéficiaires et en cuisine qui ont manqué à l’appel, relate le syndicat, rapportant différents exemples fâcheux pour les usagers et les employés d’hôpitaux et de CHSLD.

« Pendant la fin de semaine de la Saint-Jean, nos cafétérias à St. Mary et à l’hôpital Sainte-Anne ont été fermées par faute de personnel. On a beaucoup de planchers pratiquement à découvert. On a eu (à l’Hôpital général) Lakeshore un quart de nuit avec une seule préposée aux bénéficiaires pour 40 résidants. C’est inhumain », décrit Mme Demontigny.

Ces épisodes laissent craindre au syndicat que la situation pourrait devenir encore plus difficile au moment des vacances de la construction à la fin juillet et au début du mois d’août.

Le syndicat souhaite des mesures financières pour passer au travers de la saison estivale. Il suggère le retour au taux double pour les heures supplémentaires et l’accumulation de demi-journées de vacances pour les personnes acceptant d’effectuer des quarts supplémentaires, des incitatifs ayant été mis en place par Québec en début d’année pour la cinquième vague de la COVID-19 et ayant pris fin en avril.

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière des Bourses de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.