Résidants déshydratés, plaies non traitées, marque de violence physique : un rapport d’enquête rendu public jeudi a mis en lumière les conditions de vie « déplorables » des aînés hébergés aux résidences Floralies, à Montréal.

« Les conclusions de ce rapport témoignent d’une situation inacceptable », a déclaré la ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, Sonia Bélanger, en conférence de presse. « J’ai vu […] des choses que personne ne souhaiterait vivre : maltraitance, blessures, manque de soins. »

À la suite de constats préoccupants, Michel Delamarre a été nommé le 18 août par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour enquêter sur les CHSLD Floralies LaSalle et Floralies Lachine. À sa demande, les deux résidences ont été mises sous tutelle pour une période de 180 jours par le gouvernement du Québec le 1er septembre.

« C’est toujours déplorable et triste de voir des personnes vulnérables qui font face à de la négligence », a indiqué M. Delamarre.

Mauvais traitements et maltraitance

Le rapport de M. Delamarre révèle les mauvais traitements et la maltraitance que les aînés ont subis. Lors de l’évaluation des résidants, plusieurs usagers étaient déshydratés. Certains avaient des plaies apparentes, mais elles n’étaient pas évaluées ni traitées.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Michel Delamarre a été nommé le 18 août par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour enquêter sur les CHSLD Floralies LaSalle et Floralies Lachine.

Des marques de violence physique ont été trouvées chez plusieurs résidants, notamment des ecchymoses. Les préposés aux bénéficiaires soupçonnées d’actes violents ont été congédiés, précise l’enquêteur.

Les soins d’assistance et d’hygiène sont également très variables. Les résidants qui sonnent la cloche d’appel attendent parfois plusieurs heures avant d’avoir une réponse. Sur plusieurs unités, les baignoires sont peu ou pas utilisées et des aînés doivent porter des culottes d’incontinence souillées sur une longue période.

Manque criant de personnel et de matériel

Dans les deux résidences, le nombre d’infirmières et de professionnels interdisciplinaires se trouve « en deçà d’un minimum sécuritaire », mentionne le rapport. Une présence minimale de cinq infirmières de jour est établie aux Floralies Lachine. Dans les faits, il y en a seulement deux. « On comprend facilement qu’il est impossible pour les infirmières d’assumer pleinement leurs fonctions et responsabilités », peut-on y lire.

Un manque de matériel flagrant a aussi été soulevé. « On se demande comment le personnel pouvait prodiguer des soins et services avec le matériel et les équipements qui étaient rendus disponibles », écrit l’auteur du rapport.

Éclosions d’infections au streptocoque

Au début de l’enquête, une éclosion de streptocoque A était également active au sein des établissements. Le premier cas était apparu au mois d’avril, mais le MSSS en a été informé seulement au mois d’août.

« Les lacunes observées au niveau de la qualité des soins et particulièrement de la prévention et du contrôle des infections ont probablement contribué à l’ampleur de cette éclosion et la durée dans le temps », peut-on y lire.

L’éclosion n’était toujours pas contrôlée au moment de l’enquête, soit en date du 7 octobre. Il y a eu six décès jusqu’à maintenant.

De nombreuses améliorations proposées

Pour améliorer l’état des résidences, le rapport propose 21 recommandations, notamment la mise en place d’un plan d’action visant à rehausser la qualité des soins, l’élimination de l’occupation des chambres à deux résidents pour davantage d’intimité et la consolidation l’équipe médicale.

À noter, trois quarts des places d’hébergement aux Résidences Floralies, soit 355 sur 473, sont achetés par cinq CISSS et CIUSSS différents. Le rapport suggère de sélectionner un seul des cinq centres pour assurer le suivi de la qualité des soins et services, incluant la gestion des plaintes, ainsi que la coordination des places avec les établissements des autres territoires.

Il y aura également une augmentation du nombre d’inspections. « Ce ne serait pas des visites annoncées, mais des visites surprises », a indiqué Mme Bélanger.

La nouvelle direction réagit

« C’est déplorable. Les résidants ont le droit d’avoir des services requis en fonction de leur état et notre contribution va être de leur redonner cette qualité de soins et cette sécurité au quotidien », a déclaré la nouvelle représentante de la direction des résidences Floralies, Marie-Claude Ouellet. Elle s’engage à rassurer les familles et les résidants, notamment en assurant une présence toute la fin de semaine pour répondre aux questions.

D’autres cas de maltraitances

Plus tôt cette semaine, La Presse rapportait que 85 résidants du foyer privé Boisé Sainte-Thérèse, dans les Laurentides, ont été trouvés avec des plaies ou une altération de la peau à la suite d’un audit réalisé en octobre par le CISSS. À la demande du gouvernement, l’établissement a été mis sous tutelle pour une durée de six mois.

Selon nos informations, d’autres résidants portaient des lésions de grattage ou des infections aux ongles. Les besoins de nombreux aînés n’étaient également pas comblés. Devant la situation, les admissions au CHSLD du Boisé Sainte-Thérèse, qui compte 159 résidants, ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre.

Le CHSLD Domaine St-Dominique, à Québec, est également sous tutelle jusqu’au 28 mars prochain.

Lisez le texte « Des dizaines d’aînés négligés, un CHSLD mis sous tutelle »