(Montréal) Dans le cadre de ses négociations avec les syndicats du secteur public, Québec souhaite allonger la semaine de travail de certains salariés dans le réseau de la santé et des services sociaux. La semaine normale de travail passerait ainsi de 35 à 37,5 heures.

Une dizaine de titres d’emploi seraient touchés, comme externe en technologie médicale, criminologue, technicienne de la santé œuvrant dans les laboratoires médicaux, technicienne de la santé en imagerie médicale et d’autres, a indiqué en entrevue vendredi Josée Fréchette, première vice-présidente de l’APTS (Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux).

Mme Fréchette rappelle qu’il y a rareté de main-d’œuvre dans le secteur de la santé et des services sociaux et que les travailleurs en poste sont souvent épuisés.

« Nos gens ont quand même vécu toute la pandémie. Ils ont donné énormément. Il y a une certaine fatigue. Et là, on veut les garder plus longtemps ; on veut leur imposer plus de temps au travail, alors que nos gens sont déjà fatigués de la pandémie, sont en surcharge », déplore-t-elle.

« Pour nous, ce n’est pas une amélioration. On est en contradiction, parce que le gouvernement veut attirer, retenir les gens et donner de bonnes conditions et, en même temps, on augmente les heures de travail », déplore-t-elle.

Invité à commenter, le Secrétariat du Conseil du trésor a expliqué que « pour accroître rapidement la disponibilité de la main-d’œuvre dans un contexte de pénurie, il faut notamment réaménager les horaires de travail ».

« En échange d’une plus grande disponibilité, les offres permettent à terme une meilleure prévisibilité d’horaire au personnel, une hausse du revenu et de la rente de retraite », a ajouté le Conseil du trésor.

Redéfinir le temps supplémentaire

Dans son offre, Québec souhaite également « redéfinir ce qui constitue du temps supplémentaire, en retirant notamment la notion de temps supplémentaire au-delà de la journée régulière » de travail, rapporte Mme Fréchette.

Qu’est-ce que cela veut dire au juste ? « C’est pas clair pour nous. » Les syndicats disent avoir besoin de précisions de la part du ministère et du Conseil du trésor.

« On a vraiment l’impression que cette mesure-là serait de camoufler le temps supplémentaire et le temps supplémentaire obligatoire dans une journée et de vouloir économiser de l’argent sur le dos des personnes salariées », résume-t-elle.

Elle se demande aussi si cette redéfinition de ce que sont vraiment les heures supplémentaires ne vise pas aussi à « mieux faire paraître les tableaux de bord du ministre », en faisant artificiellement diminuer les chiffres.

Il y a tout de même du positif. « Dans le dépôt (du gouvernement) il y a certaines mesures qui peuvent être intéressantes. Mais dans l’ensemble, ce n’est pas à la hauteur de nos attentes », conclut Mme Fréchette.

De son côté, le Conseil du trésor explique que « les propositions patronales s’inscrivent dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre qui exige qu’on revoie rapidement les façons d’organiser le travail afin d’offrir à la population les soins et services auxquels elle a droit, tout en assurant le respect du personnel. L’objectif à terme est la diminution du temps supplémentaire ».

Il n’a pas souhaité en dire davantage « par respect pour le processus de négociation en cours ».

L’APTS est l’organisation syndicale qui représente la grande majorité des professionnels et techniciens dans la santé et les services sociaux. Elle fait partie du front commun intersyndical, avec la CSN, la CSQ et la FTQ. Les différents syndicats des quatre organisations représentent ensemble 420 000 membres.