Les étudiantes en soins infirmiers devront s’armer de patience : l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) prendra 12 semaines, plutôt que 6, pour corriger l’examen professionnel qui a eu lieu à la fin de mars. Cet examen composé uniquement de questions à choix multiple avait connu un taux d’échec élevé en septembre dernier.

« On est dans l’attente et l’incompréhension, parce que l’Ordre ne veut pas nous dire pourquoi le temps de correction est aussi long que trois mois. Ils disent que c’est à cause de l’enquête du Commissaire, mais en quoi l’enquête augmente les délais de correction à trois mois ? », se demande l’étudiante au baccalauréat en sciences infirmières de l’Université de Sherbrooke Amélie Zol.

Près de la moitié des étudiants en soins infirmiers (48,6 %) qui passaient l’examen pour la première fois en septembre dernier ont échoué.

Le commissaire à l’admission aux professions, MAndré Gariépy, a été chargé d’enquêter sur les raisons ayant entraîné ce taux d’échec disproportionné. L’enquête est toujours en cours.

« Compte tenu de la démarche d’enquête du Commissaire au sujet de l’examen, l’Ordre souhaite agir avec prudence et faire des validations additionnelles par rapport aux résultats de l’examen de mars 2023 », a indiqué l’OIIQ à La Presse. Le délai de correction pour l’examen de mars est ainsi passé de 6 à 12 semaines.

L’Association étudiante en sciences infirmières du Québec « apprécie le travail de l’OIIQ de s’assurer que l’examen d’entrée à la profession soit juste et équitable », mais « trouve dommage que cette prudence ait des conséquences sur la relève infirmière », a déclaré à La Presse la porte-parole Koralie Yergeau.

Une pression supplémentaire sur le réseau

Des étudiantes déplorent que cet important délai de correction retarde l’arrivée de nouvelles infirmières dans le réseau de la santé. « Ça met une pression sur un système qui est déjà sous pression », explique Mme Yergeau.

L’OIIQ reconnaît que « le contexte de pénurie de main-d’œuvre est particulièrement difficile pour les membres de la profession infirmière et l’arrivée des personnes nouvellement diplômées est grandement attendue ».

L’Ordre précise toutefois que les diplômées qui n’ont pas encore passé l’examen professionnel peuvent exercer dans le milieu de la santé à titre de candidates à l’exercice de la profession infirmière (CEPI) à condition d’être sous la supervision d’une infirmière.

La porte-parole de l’association étudiante, Koralie Yergeau, souligne toutefois que le salaire des CEPI est plus faible que celui des infirmières. « Quand on est CEPI, on parle d’un salaire de 23,49 $ de l’heure, alors qu’une fois qu’on est infirmière avec une technique, c’est 25,81 $ et avec un bac, c’est 27,08 $ de l’heure. Ça fait quand même une grosse différence de devoir attendre trois mois », note-t-elle.

La correction effectuée par une machine

L’examen professionnel est composé uniquement de question à choix multiples et est corrigé par une machine, ce qui permet de réduire le temps de correction, notait l’OIIQ dans un article publié sur son site web en mars 2018.

La correction demande « tout de même une intervention humaine », peut-on y lire. La machine « est un peu capricieuse » et « n’arrive pas à lire les tons de gris trop pâles, les réponses mal effacées, deux réponses cochées, etc. »

Chaque feuille de réponses est numérisée deux fois et les données sont comparées pour assurer la qualité de la numérisation. Les examens des candidats près de la note de passage font l’objet d’une vérification additionnelle.

L’étudiante Amélie Zol espère que ces six semaines de correction supplémentaires profiteront aux candidates. « Si c’est pour notre bien, le délai ne me dérange pas, c’est le fait de ne pas avoir d’explications qui me dérange », dit-elle.

Les étudiantes devraient recevoir leur résultat à la fin de juin, plutôt qu’à la mi-mai, comme c’était le cas les années précédentes. Celles qui échouent pourront le reprendre en septembre. Les candidats peuvent se présenter à l’examen un maximum de trois fois.

En savoir plus
  • 51,4 %
    Taux de réussite chez les personnes s’étant présentées pour la première fois à l’examen d’admission à la profession en septembre 2022
    82,3 %
    Taux de réussite moyen chez les personnes s’étant présentées pour la première fois à l’examen d’admission à la profession lors des huit examens précédents
    source : Ordre des infirmières et infirmiers du Québec