Le nombre de cancers diagnostiqués au Canada a chuté pendant la première année de la pandémie, a révélé mardi Statistique Canada, qui met en cause les perturbations liées au dépistage et les difficultés d’accès aux services de santé.

Une forte baisse

En 2020, environ 140 330 nouveaux cas ont été diagnostiqués au Canada et déclarés au Registre canadien du cancer. C’est environ 14 000 de moins qu’en 2019 (154 760). Cette baisse a été particulièrement marquée en avril 2020, le mois suivant le premier confinement.

En effet, le nombre de cas de cancer enregistrés est passé de 11 510 en mars à 8640 en avril, puis à 9235 en mai avant de s’établir à 11 585 en juin. À noter : le Québec et la Nouvelle-Écosse, qui tardent à transmettre leurs données, sont exclus de ces statistiques.

D’importantes perturbations

« C’est problématique. Ce n’est pas parce qu’on a dépisté moins de cancers qu’on a moins de gens qui ont des cancers », dit à La Presse David Raynaud, gestionnaire principal Québec pour l’équipe de défense de l’intérêt public à la Société canadienne du cancer. Des perturbations touchant les services de dépistage, des difficultés d’accès aux services de soins et la diminution de la fréquence des rendez-vous en personne ont toutes possiblement eu une incidence sur l’enregistrement des nouveaux cas de cancer, indique Statistique Canada. « [Cette baisse] ne nous étonne pas, car on voyait sur le terrain qu’il y avait des impacts sur le dépistage du cancer », dit M. Raynaud.

Le Québec n’est pas épargné

Le dépistage de cancers au Québec a également été affecté par la pandémie. « Il y a eu un arrêt complet [des mammographies] entre le 17 mars et le 16 mai 2020. Les conséquences de tout ça, on va les sentir dans les années à venir », dit Karine-Iseult Ippersiel, présidente-directrice générale de la Fondation cancer du sein du Québec. En 2018, le Québec a réalisé 363 747 mammographies, puis 349 059 en 2019, mais seulement 249 531 en 2020. Le Québec est revenu à des chiffres normaux en 2021 dans la plupart des régions, dit Mme Ippersiel. Le dépistage du cancer colorectal grâce aux tests RSOSi, qui recherchent la présence de sang dans les selles, a également été touché. « On a eu une diminution de 26 % des tests dans la première année de la pandémie », indique M. Raynaud.

Plusieurs cancers en baisse

Cette baisse a été observée pour les quatre types de cancer les plus couramment diagnostiqués au Canada, soit ceux du sein, du poumon et des bronches, de la prostate, ainsi que du côlon et du rectum. Le nombre de diagnostics de mélanomes de la peau, de cancers de la thyroïde, du rein et du bassinet du rein et de la vessie était aussi considérablement plus bas que ce qui avait été précédemment observé. Les États-Unis ont également noté une situation similaire, a indiqué Statistique Canada. Deux cancers se distinguent toutefois du lot. Les taux d’incidence des cancers de l’oropharynx (gorge) et de l’anus ont tous deux augmenté.

Avec Pierre-André Normandin, La Presse