(Québec) Christian Dubé assure que la place des comités des usagers occupe le « haut de la pile » de ses priorités. Devant l’insatisfaction des groupes les représentant, le ministre promet d’ajuster à nouveau sa réforme pour éviter la diminution de leur présence dans le réseau.

« S’il y a d’autres ajustements à faire, je les ferai parce que c’est en haut de la pile », a lancé jeudi le ministre de la Santé. « Il n’y a aucun objectif de réduire le nombre de comités », a-t-il ajouté devant ses collègues de l’opposition. Les parlementaires étudiaient justement jeudi une partie des amendements proposés par M. Dubé qui touchent à la présence des comités des usagers.

Tout juste avant le début des travaux, le ministre a d’ailleurs affirmé avoir sollicité de nouvelles rencontres avec les regroupements représentant les usagers dans le réseau de la santé et des services sociaux. Mercredi, La Presse rapportait que le Conseil pour la protection des malades et le Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU) étaient restés sur leur faim après le dépôt d’une liasse de 150 amendements.

« J’ai demandé à mes gens [mercredi] soir de les rencontrer encore une fois la semaine prochaine », a-t-il indiqué lors d’une courte mêlée de presse. « J’ai vu votre article […] et il faut faire la différence entre les demandes qui sont faites au niveau du comité national des usagers [plutôt que des] comités locaux. Et dans ce sens-là, j’ai compris leur point », a admis M. Dubé.

Le Conseil pour la protection des malades et le RPCU ont effectivement salué mercredi la décision du ministre d’accepter que trois membres du nouveau comité national des usagers (une entité qui sera créée dans la réforme) soient désignés non pas par le conseil d’administration de Santé Québec, mais par et parmi les comités des usagers. Reste que l’inquiétude demeure sur la présence des comités locaux.

Dans sa mouture initiale, le projet de loi 15 prévoit qu’un seul comité des usagers soit institué par établissement de Santé Québec. Cela faisait craindre la disparition de dizaines de comités des usagers présents dans les hôpitaux ou les CLSC, par exemple. Or, Québec vient, dans un amendement, préciser que Santé Québec pourra prévoir la composition d’autres comités en installation.

Mais l’amendement n’est pas accompagné d’une obligation. « Quand on arrivera [à cet article], j’aurai peut-être d’autres développements pour les usagers », a expliqué M. Dubé.

Gouvernance clinique

Le ministre a aussi affirmé que d’autres amendements toucheraient à la gouvernance clinique. Les aménagements proposés mardi visent une implication accrue des médecins dans l’organisation des soins et la gestion des ressources. Cela était une réponse directe à leurs critiques. Mardi, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a qualifié ces amendements de « superficiels ».

« On n’a pas fini avec la gouvernance clinique. J’ai bien dit qu’il y a des éléments dans les amendements qui ont été présentés, mais il reste des choses à faire parce qu’il reste des négociations à faire », a précisé M. Dubé. Ce dernier faisait allusion à sa négociation avec les médecins spécialistes, à qui on vient serrer la vis dans la réforme en les soumettant à des activités obligatoires, comme les omnipraticiens.

La FMSQ demande que ce volet de la réforme soit retiré du projet de loi et favorise plutôt une entente négociée. Les travaux de l’étude détaillée du projet de loi 15, qui vise à rendre plus efficace le réseau de la santé et des services sociaux, se terminaient jeudi pour reprendre la semaine prochaine.

Christian Dubé, qui n’exclut pas d’avoir recours au bâillon pour faire adopter sa réforme, espère toujours en arriver à un « consensus » avec l’opposition d’ici décembre.