(Québec) Dix groupes du secteur privé dans le domaine de la santé ont levé la main pour développer les mini-hôpitaux promis en campagne électorale par le gouvernement Legault. Ils devront faire preuve de patience puisque l’appel d’offres devrait « normalement » être publié à l’hiver 2024.

Au total, neuf entreprises et une « association » de partenaires ont répondu au second appel d’intérêt de Québec, a confirmé le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Du nombre, trois groupes ont manifesté leur intérêt pour la première fois, a-t-on indiqué.

Après avoir lancé un premier appel en mars, le Ministère a mené un deuxième exercice similaire au cours de l’été pour « avoir une meilleure compréhension des enjeux liés à la mise en place des mini-hôpitaux » et préciser les services à « dispenser aux usagers des territoires ciblés ».

Cela aura permis de raffiner la liste des entreprises candidates puisque 17 promoteurs avaient répondu à l’appel d’intérêt initial, indiquait à l’époque le cabinet du ministre de la Santé.

Des entretiens ont d’ailleurs eu lieu au cours des derniers jours avec les acteurs ayant maintenu leur intérêt. « C’était une rencontre où les responsables du projet posaient des questions pour clarifier notre proposition », résume Rémi Boulila, propriétaire du Centre médical Mieux-Être, qui a soumis un projet pour Montréal.

Le gouvernement de la Coalition avenir Québec a promis d’ouvrir d’ici 2025 deux « centres médicaux privés », l’un dans l’est de Montréal, l’autre dans la Capitale-Nationale, « pour combler le besoin d’un service intermédiaire entre le groupe de médecine de famille (GMF) et l’hôpital ».

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Une infirmière auxiliaire s’affairant auprès d’un patient

À ce jour, les soins et services qui seront offerts dans ces nouveaux établissements privés ne sont pas encore clairement définis. La Presse rapportait en juin que le concept s’apparente davantage à une « grosse clinique » puisque la présence d’un bloc opératoire n’est plus acquise.

Lisez l’article « Projet d’établissements privés : mini-hôpitaux ou “grosses cliniques” ? »

Le site de Montréal devrait néanmoins comporter une clinique externe en gériatrie et celui de Québec, en pédiatrie. « Les rencontres avec les fournisseurs ont pour objectif de mieux définir les services qui seront offerts dans les mini-hôpitaux », écrit le MSSS dans un courriel à La Presse.

M. Boulila avait lui aussi des questions pour le Ministère, dit-il. « Où est-ce qu’ils en sont et quand peut-on commencer », énumère-t-il en entrevue, ajoutant ne pas avoir reçu de « réponses claires » de leur part « parce que le processus n’est pas encore terminé ».

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Rémi Boulila, propriétaire du Centre médical Mieux-Être

Je ne sais pas, très sincèrement, où ils sont rendus, je sais qu’ils suivent leur protocole, leur processus. Après ça, on croise les doigts !

Rémi Boulila, propriétaire du Centre médical Mieux-Être

« On est déjà prêts »

Québec explique que les détails des projets seront précisés dans les appels d’offres, qui « normalement devraient être publiés à l’hiver 2024 ». Cela pourrait donc survenir près d’un an après le premier appel d’intérêt, publié en mars 2023.

« Je pense qu’il faut être réaliste. Quand on veut mettre en place quelque chose qui est aussi nouveau, aussi gros, il faut bien le faire. Je ne suis pas surprise », a exprimé la présidente et cheffe de la direction du Réseau MAclinique, la Dre Chantal Guimont.

« Est-ce que j’espérerais que ce soit avant ? Oui. […] Nous, on aurait été prêts à aller en appel d’offres dès le printemps dernier quand l’appel d’intérêt est sorti », ajoute celle qui confirme avoir soumis une proposition pour le secteur de la Capitale-Nationale.

Le son de cloche est similaire du côté de M. Boulila : « On est déjà prêts de notre côté. Nos plans sont faits, l’édifice est disponible. Si on avait eu un appel d’offres en octobre, on aurait pu y répondre, entamer le processus réel avec une ouverture en 2024, si ce n’est au printemps 2024. »

Le directeur des affaires médicales du Groupe Santé Sedna, le DFrançois Loubert, estime que ce délai donnera au MSSS « le temps de s’enrichir de tous les échanges » avec les promoteurs. « Ça me paraît un échéancier raisonnable », a-t-il affirmé en entrevue.

Le Groupe Santé Sedna, qui a soumis une proposition pour l’est de Montréal, salue d’ailleurs l’approche du Ministère, qui a procédé d’abord par appel d’intérêt, ce qui « permettra d’avoir une solution plus riche ».

Selon M. Loubert, le projet est un « hybride » entre la clinique médicale et un mini-hôpital qui serait « très orienté vers la clientèle âgée ». M. Boulila évoque de son côté « un site 24/7, toute l’année, où l’on retrouvera une offre populationnelle continuelle ».

Mme Guimont confirme quant à elle que le volet pédiatrique est « très soutenu » dans son projet et préfère ne pas en dire plus pour l’instant.

Les trois groupes consultés par La Presse ont tous indiqué qu’ils attendaient de prendre connaissance de l’appel d’offres pour ajuster leurs propositions.

Au cabinet du ministre Christian Dubé, on maintient l’engagement voulant que les mini-hôpitaux soient « opérationnels » en 2025. « C’est un projet important et, pour y arriver, nous suivons toutes les étapes dans l’ordre », a-t-on souligné dans une déclaration.

« Les Québécois veulent plus de services et un meilleur accès, et c’est au cœur du projet qu’on bâtit en ce moment », a-t-on écrit. On rappelle que « ce nouveau modèle n’existe pas en ce moment » et que « la priorité est d’améliorer l’accès aux soins aux Québécois ».

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  • 35 millions
    Coût estimé pour chaque mini-hôpital, qui doit être financé par le privé
    source : gouvernement du Québec